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Nadal, comme Federer, ne souhaiterait pas redevenir n°1 mondial !

Le 01/04/2018 à 15h05 par Guillem Casulleras Punsa
Nadal, comme Federer, ne souhaiterait pas redevenir n°1 mondial !

Rafael Nadal pourrait ne pas retrouver la place de numéro 1 mondial ce lundi. Alors qu'on pensait la question réglée depuis la défaite prématurée de Roger Federer à Miami la semaine dernière, il n'en est rien. L'agitation est à son comble en coulisse depuis 10 jours. La cause de cette agitation : Nadal aurait signifié à l'ATP son souhait de ne pas occuper la 1ère place mondiale "avant d'avoir retrouvé un niveau et une régularité digne de ce statut". Une requête pour le moins surprenante mais qui n'est pas clairement interdite par les statuts du circuit professionnel. Elle aurait donc toutes les chances d'aboutir même si l'ATP ne s'est pas encore officiellement prononcée sur le sujet. Mais dans pareil cas de figure, qui pointerait alors au sommet du classement ATP ce lundi ?

- Nadal : "Le tennis a besoin d'un véritable numéro 1" -

Blessé depuis le 23 janvier et son abandon en quarts de finale de l'Open d'Australie, Nadal a cédé le trône ATP le 19 février dernier. Et, loin des courts, il ne s'attendait probablement pas à le retrouver si rapidement. Federer semblait en effet parti pour l'occuper sereinement jusqu'à la saison sur gazon au vu du nombre colossal de points à défendre par l'Espagnol sur terre battue. Mais le Suisse a flanché bien plus tôt que prévu à Miami, faisant du même coup un cadeau qui s'est avéré empoisonné à son éternel rival. Nadal n'avait apparemment aucune envie de devoir assumer le statut de numéro 1 pour son retour à la compétition. Le Majorquin ne se jugeant pas "être légitime actuellement dans un rôle de tête d'affiche du tennis masculin", et ajoutant, "le tennis a besoin d'un véritable numéro 1, à son meilleur niveau et à 100% physiquement. Particulièrement en ce moment avec toutes ces blessures des meilleurs joueurs". Il a donc signifié son souhait à l'ATP qui ne s'est pas encore prononcée officiellement sur le sujet. Mais il semblerait qu'elle ne soit juridiquement pas en mesure de refuser la requête.

- Un vide juridique côté ATP -

Pris de court et abasourdi, le comité directeur de l'ATP a d'abord compté sur un volte-face de Nadal avant de devoir se résoudre, devant l'insistance de l'intéressé, à étudier sérieusement cette requête qui avait été jugée dans un premier temps farfelue. Problème, la question relèverait d'un vide juridique dans le règlement du Circuit ATP, comme nous l'explique Maître Piscis, avocat au barreau de Paris et spécialiste des questions de droit du sport : "Aucun point de règlement ne stipule explicitement l'obligation des joueurs de figurer au classement. A fortiori contre leur gré. Face à cette absence de réponse au sein des textes de l'association, c'est donc le droit international public qui s'applique par défaut. Et le droit international nous dit que ne peuvent figurer sur une liste rendue publique, que les personnes physiques ayant donné leur accord préalable et explicite. On est donc ici complètement décorrélé des questions de communication ou de droit à l'image".
En d'autres termes, Nadal est parfaitement en droit de refuser de figurer au Classement ATP dans la mesure où il n'a jamais accepté explicitement d'y figurer. La probabilité de voir le Majorquin arriver à ses fins est donc très élevée. Reste à savoir comment l'ATP viendrait justifier une telle prise décision qui devra sembler commune pour ne pas risquer l'incident diplomatique avec le joueur. Et surtout, dans un tel cas de figure, qui occuperait alors la place de numéro 1 ?

- Federer refuse également le principe -

C'est naturellement au dauphin que semblerait devoir revenir ce rôle temporaire. Et les choses se compliquent ici davantage. Contacté par l'AFP, Federer n'a pas souhaité s'exprimer outre mesure, jugeant simplement "l'hypothèse pas si probable" mais ajoutant tout de même que "le classement est mathématique, celui qui est en tête le mérite, même blessé. Et il ne serait pas plus légitime qu'un joueur qui a choisi de manquer le prochain tournoi du Grand Chelem soit numéro 1 mondial. Ça ne serait pas bon pour le tennis. Je me sens plus à l'aise avec ce choix en étant numéro 2. Peut-être que je n'aurais pas pris la même décision en étant numéro 1. Mais je ne le serai plus lundi. Roland Garros mérite d'avoir le numéro 1 mondial". Le Suisse ne semble donc pas du tout enclin à accepter de jouer les numéros 1 de substitution.

- Cilic ou Dimitrov en numéro 1 ? -

Même son de cloche du côté du 3ème joueur mondial, Marin Cilic. Egalement joint par l'AFP, le Croate a précisé que "même s'il s'agit de mon rêve ultime, je ne veux pas y accéder de cette façon. La place de numéro 1 doit se gagner sur le court, pas en étudiant des règlements dans des bureaux". Grigor Dimitrov, 4ème joueur mondial, ne s'est pas encore exprimé mais il y a fort à parier que sa position est à peu de choses près semblable. Voilà donc le véritable casse-tête auquel doit faire face l'ATP depuis 10 jours. Forcer la main à Nadal ? Accepter de le remplacer ? Laisser la place de numéro 1 vacante ? L'ambiance doit être tendue, à Londres, siège de l'association, et son président Chris Kermode ne doit pas passer un week-end des plus agréables. Aucune information n'a cependant fuité pour le moment sur une éventuelle prise de décision ou sur la stratégie de communication adoptée. Il faudra vraisemblablement attendre lundi pour en savoir davantage.

- Karlovic en sauveur ? -

A moins que la solution vienne de là où on ne l'attendait pas. Ivo Karlovic s'est en effet dit prêt à occuper la place de numéro 1 mondial en cas de besoin. Toujours très bien informé, le 79ème joueur mondial n'a pas manqué de réagir à une information si cocasse. "Aucun doute, les 78 premiers joueurs au classement ne sont pas légitimes. Aucun ne parvient à faire ce que je fais sur le court avec un corps aussi grand que le mien. Pour le bien du tennis, je suis donc d'accord pour occuper la place de numéro 1 qui me revient légitimement" a publié le Croate sur son compte Twitter dans un de ces traits d'humour qu'on lui connait sur les réseaux sociaux.

Plus sérieusement, il va donc falloir patienter jusqu'à demain pour avoir le fin mot de cet improbable imbroglio. Tout en gardant bien à l'esprit que, dans pareille situation, la vérité du jour n'est pas nécessairement celle du lendemain.

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