Sinner / Alcaraz : un choc de titans qui se jouera sur des détails
À quelques minutes du début de cette très attendue demi-finale entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner, l’heure est venue d’essayer de mettre en évidence les clés tactiques de cette confrontation. Sans être forcément exhaustif, il s’agit ici de parler des trois éléments les plus saillants dans l’analyse de ce duel de champions.
- Un match forcément physique
L’une des principales clés tactiques semble assez évidente : l’aspect physique. En effet, l’un comme l’autre reviennent à peine de blessures assez sérieuses.
Pour rappel, Alcaraz, touché au bras droit depuis plusieurs semaines, n’avait joué qu’un seul tournoi sur terre battue avant Paris (Madrid, battu par Rublev en quarts de finale). De son côté, Sinner avait contracté une blessure à la hanche, le forçant à faire l’impasse sur le Masters 1000 de Rome.
S’ils nous ont presque fait oublier leur condition physique, jouant un tennis de grande classe et marchant sur presque tous leurs adversaires, c’est un élément qui pourrait compter si le match tend à durer.
À ce sujet, Patrick Mouratoglou, entraîneur de Rune et suiveur du tennis, a son avis. Selon lui, s’il y a un joueur qui doit s’inquiéter, c’est plutôt l’Italien : “On a deux joueurs qui n'ont pas pu se préparer comme il fallait. En cinq sets, sur terre, avec deux garçons qui vont forcément beaucoup se faire bouger mutuellement, dans des conditions chaudes, ça va être éprouvant physiquement. Quelle est leur autonomie à très grande vitesse dans un match dur ?
Je mets un avantage très net pour Alcaraz, qui était blessé sur un membre supérieur (avant-bras droit), alors que Sinner l'était sur un membre inférieur (hanche). Lui n'a rien fait du tout, il a repris deux jours avant la semaine de préparation pour Roland, c'est extrêmement court. Tandis qu'Alcaraz a pu faire du physique.
Est-ce que Sinner va pouvoir s'arracher pour aller chercher les balles difficiles, est-ce qu'il ne va pas se refaire mal à la hanche ? Là, il n'aura pas le choix.” (propos relayés par L'Equipe)
- L’ocre, une surface de jeu favorable à Alcaraz ?
La question de la surface de jeu divise les spécialistes. En effet, certains estiment qu’elle n’aura pas grande importance, expliquant que les deux joueurs ont simplement des jeux qui se combinent et que quoi qu’il arrive, le match sera intense et indécis. D’autres, à l’image là encore de Mouratoglou, considèrent que la terre battue va forcément avantager le 3e joueur mondial.
Quoi qu’il en soit, il est certain que, sur le papier, le jeu de l’Espagnol s’adapte davantage à la brique pilée. Bien que les deux hommes soient clairement des joueurs multi-surfaces, Alcaraz a fait ses gammes sur terre battue.
Porté par des frappes de coup droit très lourdes, par des amorties assassines et par une condition physique hors-norme, il est fait pour la surface parisienne. À l’inverse, le Transalpin a eu besoin d’un temps pour devenir compétitif sur la surface. Joueur de dur, il a pour habitude de frapper des balles très à plat et commence juste à faire évoluer sa palette (amorties notamment).
- Un combat avant tout mental
Plus important que tout : l’aspect mental sera forcément décisif.
À ce titre, les deux jeunes champions n’ont pas vraiment de quoi complexer. Ils sont, l’un comme l’autre, de vrais modèles d’abnégation et de combativité.
Cela dit, il semble que ‘Carlito’ soit un peu plus nerveux que son adversaire italien du jour, comme en témoigne sa demi-finale perdue ici-même l’an passé. Opposé à Djokovic, il avait crampé de stress, abandonnant par la même occasion toute chance de victoire (6-3, 5-7, 6-1, 6-1).
En face, celui qui est déjà une vraie icône en Italie (premier numéro 1 mondial de l’histoire du pays) semble, depuis la fin d’année 2023, doté d’une solidité psychologique presque indéboulonnable.
Sacré pour la première fois de sa vie en Grand Chelem en Australie, il n’avait rien cédé, remontant même deux manches de retard face à Medvedev en finale (3-6, 3-6, 6-4, 6-4, 6-3). Ainsi, si l’un des deux hommes doit craquer, il s’agira plus probablement de Carlos Alcaraz.
À ce sujet, Mouratoglou a le même avis : “Sinner a les capacités de bousculer Alcaraz, parce qu'il ne le craint pas. Et parce que c'est le meilleur joueur du monde en ce moment. Il a la réponse à beaucoup de problèmes. Sa grande force, c'est son moment de prise de balle.
C'est un Andre Agassi des temps modernes. Il reste hyper proche de la ligne, il distribue, et il est tout simplement exceptionnel dans ce qu'il fait tout en couvrant très bien le terrain.”
Alors que cette demi-finale, aux allures de finale avant l’heure, va bientôt démarrer, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un excellent match.