SOFIA KENIN, NEE POUR GAGNER
Par Jean-Julien Ezvan, Le Figaro
Mis à jour le 03/02/2020 à 13h45 – Publié le 02/02/2020 à 17h47
La jeune Américaine, impressionnante d'autorité et de volonté, a remporté l'Open d'Australie, sa première couronne majeure. Elle fait, ce lundi, son entrée dans le Top 10 mondial.
Sofia Kenin ne recule jamais, ne baisse pas les yeux, ne laisse pas le doute se faufiler ou la peur s’installer. Renoncer ne fait pas partie de son vocabulaire. L’Américaine (21 ans) affronte crânement les situations les plus inconfortables, fait corps avec le défi, celui d’une vie. Sa détermination est une façon de jouer, une manière de vivre. Celle voulue par des parents, émigrés russes, qui ont fait du tennis son moyen d’expression, d’ascension.
Dans le 3e set de la finale de l’Open d’Australie, à 2-2, menée 0-40, Sofia Kenin a lâché 5 coups magistraux. Avec une maîtrise physique, tactique et émotionnelle épatante, elle a sorti « les cinq meilleurs coups de (sa) vie. J’ai senti que les choses pouvaient changer, il fallait que je saisisse ma chance, je devais être courageuse. Je me souviendrai de ce jeu toute ma vie. »Sa rage de vaincre a fait voler en éclats l’Espagnole Garbine Muguruza 4-6, 6-2, 6-2. Une première couronne en Grand Chelem coiffée avec un sang-froid sidérant. Et une volonté d’airain, comparable à celle qui anime Maria Sharapova.
Évoquant l’influence russe, Alex, son père et entraîneur a, sur le site de la WTA, résumé : « les racines sont très profondes. Ce qu’il y a autour c’est de la décoration, il y a quelque chose à l’intérieur. »Une confiance, une force et une flamme qui permettent à Sofia Kenin, qui profite des conseils de Dinara Safina, ancienne n°1 mondiale, de résister à la pression de l’événement et de faire face à tous les scénarios en match : « J’ai toujours eu cela », glisse-t-elle avec aplomb. Une marque de fabrique à laquelle elle ajoute une variété de coups épatants composée d’amorties gagnantes, de lobs, de balles parfaitement frappées, variées. « Mon rêve s’est officiellement réalisé. Si vous avez des rêves, allez les chercher : ils peuvent se réaliser », pouvait-elle sourire. « Félicitations, le futur du tennis est tellement brillant », saluait Billie Jean King, sous le charme du phénomène.
Pour la 8e fois lors des 12 derniers tournois du Grand Chelem, le tableau féminin célèbre une première victoire majeure (Jelena Ostapenko à Roland-Garros en 2017, Sloane Stephens à l’US Open 2017, Caroline Wozniacki à l’Open d’Australie 2018, Simona Halep à Roland-Garros en 2018, Naomi Osaka à l’US Open 2018, Ashleigh Barty à Roland-Garros en 2019, Bianca Andreescu à l’US Open 2019, avant Sofia Kenin à Melbourne). Illustrant un formidable brassage de talents avec 25 lauréates en Grand Chelem depuis 2006, quand le tennis masculin, sur la même période n’en recense que 7.Ce lundi, Sofia Kenin s’installera à la 7e place mondiale, nouvelle n°1 américaine : « Je ne réalise pas encore. Je suis dans une sorte de brume. C’est un tel honneur.» Elle qui sera, avec Serena Williams au rendez-vous de la Fed Cup (contre la Lettonie, à Everett, lors du 1er tour qualificatif, les 7 et 8 février). Pour prolonger une folle histoire…