Premier point pour la France Paire notre 89ème sélectionné a fait une entrée en fanfare. On entend plus les pleureurs-euses "et pk ila pa pri ritchi, bouhh"
J'espère que les Français vont se prendre une raclée ! ça suffit qu'ils ne pense qu'à la CD ! pauvres types minables prétentieux même plus Français d'ailleurs MDR
En l’absence de Nadal c’est très équilibré au niveau des classements. Ça va se jouer dans la tête et à la motivation. La France aura le gros avantage de jouer à domicile et le public de Lille est génial pour ces rencontres de Coupe Davis !!!
[size=big]Episode IV: 1971, l'année ou les français y ont vachement cru
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On avance à peine d'une saison pour se placer en l'an de grâce 1971. C'est l'année ou les britanniques abandonnent enfin les shilings pour le système décimal, et c'est aussi la disparition du plus Père-Lachaisien des membres du club des 27.
Cette année là, Manuel Santana prend ce qui s'appelle une retraite hewittienne, c'est à dire qu'il reviendra de temps à autre pendant une petite décennie.
Il part sur un petit exploit en remportant en octobre 70 le tout premier "Open d'espagne" (le tournoi de Barcelone) en battant Laver en finale.
[video][/video]
Bref, les espagnols sont amputés de leur meilleur joueur alors que les français voient éclore une belle portée de talents. Cette année là, en deuxième semaine de Roland, il ya cinq français !
Le plus beau match revient au jeune Patrice Dominguez (qu'est décédé il y a peu le pauvre) a battu Adriano Panatta au 3e tour, 97 au 5e d'un match de dingue.
Il est accompagné par Pierre Barthès, un ancien talent banni de la fédé pour avoir osé passer pro dans les années 60, Goven, Jauffret et Proisy.
[size=big]Pierre Barthès[/size]
Il participera en fin d'année à la deuxième édition du Grand prix Pespi Cola (futur Masters de fin d'année, qui réunissait à l'époque les sept meilleurs joueurs du circuit Grand Prix (ne comptent donc pas Rosewall et Newcombe, vainqueurs en Australie et à Wimbledon mais sous contrat du circuit concurrent de la WTC).
Seul l'un des cinq atteindra les quarts, il s'agit du plus prometteur, le talentueux [size=big][b]Patrick Proisy[/size]. Il n'a encore perdu aucun set mais a pourtant écarté la TDS8, le dangereux soviétique Metreveli, au second tour.
La légende dit qu'après ce match, le président Pompidou aurait convié Proisy à un diner à l'Elysée et lui aurait confié "Maintenant, vous pouvez gagner les Internationaux de France !"
Son excellence le président avait beau être conseillé par un premier ministre amateur de sport en général et de tennis en particulier (oui, Chaban Delmas avait même participé à Wimbledon), son prono restait un peu prématuré.
En quarts de finale, Proisy est vaincu par Jan Kodes, tenant du titre et futur vainqueur de l'édition 71.
Ci dessus, Proisy en train de se demander s'il va voter Pompidou aux prochaines présidentielles.
Orantes n'a pas encore percé, Gisbert est un peu vieux... Sans Santana, ça devrait le faire, non? C'est probablement ce qu'on dû se dire les bleus lorsqu'ils ont pris la direction de Barcelone, le 11 juin 1971. Il s'agissait d'une demie de la zone Europe B, et comme derrière il y avait deux matchs interZone puis le Challenge Round contre les US, c'était, on va dire, un huitième.
Et effectivement, Jauffret prend l'avantage en dominant Gisbert 62 63 62.
Cependant, Proisy est battu par Orantes 61 62 63.
Le double est décisif et c'est Orantes Gisbert qui s'imposent 63 46 63 62.
Le 4e match est très tendu. Jauffret est capable de très grands matchs en coupe davis et celui là sera interminable : c'est finalement Orantes qui qualifie l'Espagne en finale, 64 79 64 57 75.
Victoire de l'Espagne 3/1.
par la suite, les espagnols perdront la finale Europe B contre les tchèques de Kodes.
Pour la quatrième année consécutive, ce sont les USA qui s'imposent au Challenge round, face aux Roumains du terrifiant duo Nastase-Tiriac.
Le moment décisif aura été le second simple, remporté par Froehling, jugé plus "prenable" que Stan Smith, sur Tiriac, 86 au cinquième.
Bon, le temps presse et j'ai la flemme (et du taf, pour une fois), donc je raccourcis un peu mes rétros. EDIT : AH MAIS J'Y ARRIVE PAS BRDEL!
[size=big]Episode III : 1970, Des larmes du sang mais à la fin c'est l'espagne qui gagne..
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On avance un peu dans le temps, allez zou.
Depuis l'épisode précédent, Santana a changé de dimension.
En 1964, un deuxième succès à Roland-Garros, déjà, hop. Il devient le seul joueur capable de rivaliser avec les australiens. Mais la terre battue ne l'intéresse déjà plus. Il veut devenir un grand spécialiste du gazon, seule manière à ses yeux d'accrocher une victoire en coupe Davis.
Or le gazon, il n'y arrive pas. Il aura même cette phrase célèbre "Le gazon, c'est pour les vaches". Citation reprise ensuite par des herbivores contrariés, comme Lendl, Vilas ou Rios (et peut être Muster me semble).
Le gazon, ça le saoule, mais s'il veut avoir une chance en finale de coupe davis, il va lui falloir en bouffer. Les années suivantes, il fait l'impasse sur Roland-Garros et s'impose à Forest Hills en 1965 (oui l'US se jouait alors sur Gazon) puis à Wimbledon en 1966.
Premier ibère à gagner dans le temple du tennis. Aujourd'hui, ils sont deux. Saurez vous deviner le nom du 2e ?
Par deux fois, il amène l'espagne en finale de la coupe davis, en 65 (toute première finale de l'Espagne!), puis en 67. Par deux fois, c'est plié dès le double, mais Santana sauve l'honneur en battant Emerson (en 65) et Newcombe (en 67) dans des matchs pour du beurre.
Perf pas si anodine parce qu'Emerson n'a perdu dans toute sa carrière qu'un seul match de finale de Coupe davis (en neuf finales)... 15/13 au 4e contre Santana.
Les finalistes 65 jouant à la corde raide.
Bref, le tennis amateur des années 60 se résume parfois à "Santana fait ce qu'il peut face aux kangourous, mais ça ne suffit pas. "
Cependant, en 68 avec la fin du tennis amateur, Santana est peu à peu ringardisé par ses camarades professionnels de retour en grand chelem, et il ne lui reste guère que la coupe davis pour briller ( la coupe davis se refuse à toute ouverture et les pros y sont encore interdits).
De plus, les derniers grands amateurs australiens (Emerson et Newcombe) sont passés pros et l'Australie va enfin lâcher la coupe après une quinzaine de saisons de domination quasiment continue.
Les espagnols auraient pu en profiter, mais Santana est bien seul... en 68, ils sont battus par les USA du jeune Arthur Ashe, double vainqueur de l'US Open cette année là (puisqu'en 68 ils ont organisé un tournoi pro ET un tournoi amateur... et Ashe a gagné les deux).
En 69, ils butent sur les roumains de Nastase et Tiriac, une équipe majeure du tennis amateur à partir de ce point là.
Pour le seconder, il ne peut toujours pas compter sur Gimeno, les pros étant toujours bannis de la coupe Davis. A ses côtés en 70, il a [size=big] Manuel Orantes[/size], un petit jeune de 21 ans qui jouera un rôle important dans la première moitié des années 70 mais n'a encore pas grand chose à son actif.
Et qui on a en france ?
Eh bien on a[size=big] François Jauffret[/size], le visage principal du tennis français dans les années pré-Noah.
Demi finaliste à Roland en 66, gendre idéal, bla, bla, bla... Son exploit le plus connu est d'avoir quasiment battu Borg à Roland en 76, enfin, de l'avoir suffisamment épuisé pour que Panatta puisse l'achever au tour suivant.
Et on a [size=big] George Goven[/size], demi-finaliste à Roland cette année là.
La rencontre a lieu du 12 au 14 juin 1970 à Roland Garros, et elle commencera très fort. C'est la demi finale de la zone europe B. Comme après il reste deux tours d'inter-zone et le challenge round, on va assimiler ça à un huitième de finale.
Quelques semaines plus tôt, Goven avait créé une sacrée sensation en huitièmes de Roland en battant en cinq Santana, déjà vieux à 32 ans mais toujours TDS3 et l'un des favoris. Comble de l'humiliation, il avait achevé la rencontre par un 6/0 !
En quarts, il avait battu jauffret.
[video]www.ina.fr/video/CAF95051474[/video]
La revanche ira en cinq sets, 61 68 62 26 63 pour Goven !
La demie de Roland 1970 restera hélas le sommet de la carrière du pauvre Goven (j'ai en tête un capitanat de Coupe Davis en 93-94, pas hyper fructueux).
Par la suite, Orantes bat Jauffret en quatre, 36 61 64 62.
Enfin, nullement fatigué par son premier match, Santana associé à Gisbert écarte Chanfreau et Royer 64 64 86.
3/0 Pour l'Espagne qui se qualifie pour la finale de la zone Europe B. Ils y battront les yougoslaves, puis enchaîneront avec les brésiliens en demie Interzone, avant de perdre de manière assez inattendue à Dusseldorf contre l'équipe d'Allemagne de l'Ouest.
Les allemands se feront eux même battre par les Américains d'Arthur Ashe.
Ashe, d'ailleurs, décidera de boycotter la coupe davis suite à cette édition pour protester contre l'interdiction imposée aux pros. Il était le seul joueur d'importance à participer..
Une photo de Thuthur Ashe lors de cette fameuse finale.
C'est incompréhensible Fanman. Derrière Nadal, c'est le meilleur espagnol cette saison. Il a de solides références sur dur et joue pas mal ces temps-ci. Très étrange.
Je suis surpris de la non sélection de Verdasco pour l'Espagne. Grosse erreur qui peut coûter cher. Il a montré bien plus de bonnes choses que RBA ou même Busta ces derniers mois
[size=big]Episode II : 1963, La grande époque des amateurs espagnols
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Beaucoup de temps s'est écoulé depuis le dernier épisode puisque la seconde rencontre a lieu quarante ans après. Pour vous situer, 1963, c'est l'année du tout premier épisode de Doctor Who, c'est l'année du discours "I have a dream", c'est aussi l'année d'un des assassinats les plus médiatiques de l'histoire.
Plusieurs générations de tennisman se sont succédées mais le sport a énormément changé : réservé il y a quelques décennies aux classes privilégiées, voire aristocratique, il s'est popularisé. Les résultats tennistiques se sont médiatisés, mais surtout, deux circuits cohabitent. Celui des amateurs, seuls autorisés à participer aux tournois du grand chelem mais surtout à la Coupe Davis, et celui des professionnels, qui sont payés pour jouer.
Régulièrement, les jeunes qui montent utilisent les grand chelem amateurs comme rampe de lancement pour se faire connaître : par exemple; en 1962, le jeune Rod Laver réalise le grand chelem calendaire et s'appuie sur cet exploit pour négocier un gros contrat avec les promoteurs des circuits pros.
Une semaine plus tard à Sydney, Rod Laver fait ses débuts professionnels contre Hoad et Rosewall, les deux meilleurs pros du moment. qui avaient fait rêver le tennis amateur au milieu des années 50. Et là, il se fait littéralement déboiter. Hoad eut alors ce mot resté célèbre :
- Mettez-vous à sa place! Il n'a pas rencontré un seul vrai joueur depuis trois ans!
Je tremble à l'idée des débats que pouvaient avoir les tennix de l'époque sur les tableaux en mousse, les circuits en alu et les tournois en margarine.
Cependant, tous les joueurs ne choisissent pas la voie pro et décident de conserver un statut.. intermédiaire, plus confortable. C'est le cas du meilleur joueur espagnol du moment, [size=big]Manolo Santana[/size]. Santana possédait officiellement le métier représentant pour une célèbre marque de cigarettes américaines sur le territoire espagnol , (métier à peu près fictif obtenu par quelques pots de vin de sa fédé ) ce qui lui permettait de justifier un statut d'amateur, de gagner correctement sa vie et de consacrer son temps libre au tennis.
Santana fut l'un des meilleurs joueurs de terre battue de son époque.. En 1961, il remporte son premier Roland en battant successivement Fraser, Rod Laver et le double tenant du titre, une autre légende du tennis amateur européen, l'italien Pietrangeli, lors d'une finale acharnée en cinq sets ou Manolo épuisera peu à peu son adversaire.
Manolo n'était pas le seul vrai-faux amateur de son époque. Roy Emerson, le meilleur amateur des années 60, était pour sa part "chargé des relations publiques de Philipp Morris en Australie". Quant au circuit amateur, ces habiles manoeuvres lui permettaient de garder en son sein quelques joueurs majeurs et donc de maintenir coûte que coûte l'intérêt des tournois du grand chelem et de la coupe davis.
Bref, revenons en à la coupe davis. Santana avait l'inconvénient d'être madrilène dans une fédération à majorité catalane, qui lui préféra longtemps "l'autre" grand joueur espagnol, Andres Gimeno. Cependant, en 1962, son grand rival accepte de partir sur le circuit pro.. A partir de 1963, et jusqu'à l'ère open, le tennis espagnol se construira donc autour de Santana.
Le second membre de l'équipe espagnole est [size=big] Juan Couder [/size], un pilier de l'équipe dans les années 60, également vainqueur du tournoi organisé au Canada en 62 (qui est aujourd'hui la Rogers Cup).
L'équipe française est, elle principalement portée par[size=big] Pierre Darmon[/size], régulièrement placé dans les dix meilleurs joueurs amateurs dans les années 60 et finaliste de Roland cette année là (ou il se fait nettement dominer par Emerson). Un gars brillant, inventif et combatif, mais qui manquait de puissance au service.
Là c'est la finale, Darmon à droite, Emerson à gauche
Pour le seconder, un cas étrange : le jeune [size=big]Jean Claude Barclay[/size]. Petit, gaucher contrarié, malingre, bigleux, une vue à 2/10e, interdit de sport à l’école, il est la risée des profs de gym mais hérite d’une raquette et la tient n’importe comment, avec une prise à l’envers : un revers à deux mains qui fait hurler les puristes. Car nous sommes encore avant le passage de bjorn Borg, et le revers à deux mains est encore une curiosité, pratiquée ça et là par des joueurs mineurs.
Sauf que Barclay joue de cette étrangeté comme d'une arme et parvient à faire tomber les meilleurs, peu habitués à ce style de jeu. Cette année là, en quarts de finale de Roland Garros, il parvient à faire douter Santana, pourtant l'un des favoris aux titre, et l'emmène dans un cinquième set à la surprise générale. Quelques jours plus tard, lorsque Santana (TDS2) rencontre Darmon (TDS3) en demies, le match va en cinq sets, l'énergie laissée par l'espagnol contre Barclay en quarts a probablement laissé des traces...
Trois semaines plus tard, le 14 juin 1963, nos compères se retrouvent en quart de finale de la zone Europe. La rencontre a lieu sur la terre battue de Barcelone, grand lieu de l'histoire tennistique.
Lors du premier match, Santana retrouve Barclay qui lui avait donné tant de difficultés à Roland Garros... Mais cette fois, il ne tombe pas dans le piège, d'autant que Barclay avait du mal à gérer les matchs de coupe davis : la première manche va à l'espagne, 61 62 62.
Dans le second match, Darmon remet le score à égalité en battant Couder 64 62 60
Le double officiel français dans les années 60 était composé de [size=big]Daniel Contet et Patrice Beust[/size], qui joueront une quinzaine de rencontres ensemble.
Face à Santana et [size=big]Jose Ardillas[/size], ils perdent le double 75 62 62
Ici Beust et Contet en 67 lors d'un match de coupe davis face à la Suède
Le match des numéros un oppose Darmon et Santana, une très belle affiche entre deux des meilleurs amateurs européen de l'époque, la revanche de la demie de Roland quelques semaines plus tôt.
C'est Santana qui a le dessus en trois sets, 63 64 108.
L'espagne se qualifie pour les demies de la zone europe, qu'elle perdra face à la Grande Bretagne. Défaite dommageable puisque cette année là, pour une fois, les Australiens étaient prenables : Rod laver passé chez les pros, Neale Fraser vieillissant et blessé au dos, John Newcombe encore très jeune.. malgré la présence d'Emerson, les Australiens alignent leur plus mauvaise équipe depuis une dizaine d'années !
Ce seront donc les Etats Unis qui s'imposeront grâce à Ralston et McKinley, d'authentiques amateurs par ailleurs plus impliqués dans la poursuite de leurs études que dans la pratique du tennis (McKinley deviendra par la suite trader à New York !)
Les voilà ici en train de poser avec le président Johnson, le remplaçant de Kennedy qui sera d'ailleurs réélu en 64.
Comme la demie de ce qui sera peut être la dernière édition de la coupe davis se rapproche à grands pas, autant se lancer dans ce qui fait le sel de mon existence, c'est à dire des rétrospectives sur la coupe davis.
France 2 - Espagne 6
[size=big]Episode I : 1923, La toute première des finales européennes
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La première rencontre entre les équipes française et espagnole eut lieu en 1923. A l'époque, Hitler était un obscur opossant qui admirait Mussolini, Lénine avait ses premières attaques d'apoplexie et une guerre de succession opposerait bientôt Staline et Trotsky.
Bref, on est dans un vieux film en noir et blanc.
Nous parlons d'une époque ou la Coupe Davis se fait encore appeler l'International Lawn Tennis Challenge.. Originellement pensée comme une rencontre entre une équipe britannique et une américaine, la compétition rassemble chaque année des équipes d'amateurs de plus en plus de pays. Cela pose de gros problèmes de logistique, d'autant que les joueurs de l'époque sont amateurs et doivent concilier défense de la patrie et .. travail à temps plein. En 1921, par exemple, l'équipe belge bat la tchécoslovaquie... avant de déclarer forfait pour le tour suivant, faute de pouvoir se payer le voyage pour aller défier le Japon à l'autre bout du monde....La coupe Davis n'a qu'une vingtaine d'éditions derrière elle ... et doit (déjà) se réformer.
Cette année, pour la toute première fois, est expérimenté un système de deux zones, la "Zone Europe" et la "Zone Amérique". Le gagnant de la finale européenne rencontrera ensuite le gagnant de la zone Amérique.. Le vainqueur de ce barrage affrontera le tenant du titre , les Etats Unis d'Amérique qui sont à peu près intouchables depuis la fin de la guerre et l'édition 1920, lors de la finale de la coupe davis, le "Challenge Round".
La France et l'Espagne se qualifient pour la finale Européenne (qu'on assimilera ici à un quart de finale vu qu'il reste deux matchs à jouer après). La rencontre se joue à Deauville, sur terre battue, du 28 juillet au 1er aout 1923.
Les espagnols étaient une bonne équipe européenne dans le début des années 20, grâce à leur paire [size=big]Eduardo Flaquer / Manuel de Gomar [/size](qui était comte, parce qu'il y avait pas mal de nobles dans les joueurs de tennis à l'époque). Ensemble, ils ont atteint la finale de Wimbledon 1923 en double et de Gomar atteint la finale des championnats du monde de terre battue en 1922, ou il perd en cinq sets contre Henri Cochet. Championnats sur terre battue qui se déroulaient à ... Bruxelles, puisque le futur tournoi de Roland Garros était encore réservé aux seuls amateurs licenciés en France.
Bref, il ne s'agit pas d'inconnus, mais il est difficile de retrouver une image d'eux. J'en ai retrouvé une de Flaquer, à gauche sur la photo, lors d'une rencontre de Coupe Davis de 1928. Flaquer était aussi défenseur du FC Internacional, un club de foot de Barcelone de l'époque.
Pas moyen de retrouver une photo de de Gomar, alors qu'il avait atteint la petite finale de la coupe davis 1922. Lui et son pote Manuel Alonso de Areyzaga s'étaient fait battre par les Aussies qui s'étaient eux même fait ensuite détruire par les US dans le challenge round.
Les français sont beaucoup plus connus, il s'agit des fameux Mousquetaires, qui étaient alors une petite bande de jeunes de vingt ans pressés de conquérir le monde..
De gauche à droite : Henri Cochet, Toto Brugnon, le Capitaine Muhr, René Lacoste et Jean Borotra. L'équipe est présente au complet pour la toute première fois lors du quart de finale contre l'Irlande.
Pour la finale européenne, les français se reposent sur leur benjamin [size=big]Lacoste[/size], aligné en simple, tandis que [size=big]Brugnon et Cochet[/size] forment la meilleure paire de double française du moment. Le second joueur de simple français est un vieux de la vieille (37 ans ! personne ne peut jouer au tennis à cet âge) du nom de [size=big]Jean françois Blanchy[/size].
La vigueur de cette moustache m'amène à penser qu'il pourrait en réalité s'agir de Mansour Bahrami lorsqu'il était un peu plus jeune.
Mais ce JF Blanchy n'est pas n'importe qui. Cette année là, il remporte les Championnats de france de Paris en battant cochet en demies puis Dexcugis en finale (l'octuple champion, celui qui a remporté le plus de titres après Nadal)
Je n'ai hélas pas retrouvé d'images de la rencontre.
Rene LACOSTE bat de GOMAR 63 64 57 64 puis BLANCHY enfonce le clou contre FLAQUER 61 62 36 61.
Les deux espagnols sauvent l'honneur lors du double en arrachant le match 64 86 11-13 16 64 avant que LACOSTE ne scelle la victoire contre FLAQUER 61 63 62
Deux points et homme du match le René. J'imagine qu'il a fait parler sa légendaire patience de crocodile de fond de court
La france atteint donc la première finale Inter-Zone de l'histoire de la Coupe Davis. Elle se joue dix jours plus tard, à Boston. Des mousquetaires, seul Cochet fait partie du voyage, avec André Gobert.
Cochet gagne son match contre Pat O'Hara, vainqueur cette année là du championnat d'Australie, mais Patterson (vainqueur de Wimbledon 1922) remporte ses deux matchs de simple, et la paire O'Hara Patterson s'impose également au terme d'un double très disputé.
L'ère de la domination française n'est pas encore venue, mais ils ont pris date et atteindront le challenge round dès 1925.
En 1923, ce sont les américains qui gagnent, pour la quatrième fois d'affilée. A l'époque, ils sont intouchables : Tilden, Johnston, Richards et Williams sont les quatre meilleurs joueurs de simple ET de double du moment. (la photo date de 1922)
Certes, mais le LOSC en ligue 2 jouera au Stadium, Johnny ayant annulé ses concerts (pourquoi?), on fait quoi de ce gros machin à Villeneuve d'Ascq sans la coupe Davis??
Eh,Nick,les avis,c'est comme les trous du cul....Tout le monde en a un!ton avis on s'en fout
Ian Moroil y a 25 minutes
Son tennis à risque peut devenir un handicap. À son niveau de classement, il devrait déjà posséder cette capacité à garder sa concentration. Espérons que les choses progressent pour cette capacité jour très charismatique.
pascal oil y a 26 minutes
Oh que j'aimerais voir de nouveaux messages du cher Laurent sur cette page 😢
Bruno Buzzattiil y a 31 minutes
Il a complètement raison... de s'être appuyé sur l'IA pour sa démonstration car l'intelligence naturelle il en a pas 😅😂
POUPICHE & Coil y a 52 minutes
De gros efforts récompensés, c'est bon signe tout ça 😊
POUPICHE & Coil y a 1 heure
C'est n'importe quoi ce point :), c'est chouette à voir.
[url]https://prisemarteau.wordpress.com/2018/09/14/le-groupe-facebook-top-secret-des-bleus-episode-2/[/url]
Et puis bon, à quoi bon passer du temps sur un truc déjà presque mort ?
le problème c'est qu'il va falloir 2 ans à PurpleEcrevis Crustacés d'eau douce pour préparer la rétro.
ou on économise leurs salaires et on sonde les spécialistes de comptoir pour faire les équipes.
Un p'tit délice, cette phrase aux allures d'appellation contrôlée... :p
Au passage, impossible pour moi d'accéder à cette page par le biais des notifs...
[size=big]Episode IV: 1971, l'année ou les français y ont vachement cru
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On avance à peine d'une saison pour se placer en l'an de grâce 1971. C'est l'année ou les britanniques abandonnent enfin les shilings pour le système décimal, et c'est aussi la disparition du plus Père-Lachaisien des membres du club des 27.
Cette année là, Manuel Santana prend ce qui s'appelle une retraite hewittienne, c'est à dire qu'il reviendra de temps à autre pendant une petite décennie.
Il part sur un petit exploit en remportant en octobre 70 le tout premier "Open d'espagne" (le tournoi de Barcelone) en battant Laver en finale.
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Bref, les espagnols sont amputés de leur meilleur joueur alors que les français voient éclore une belle portée de talents. Cette année là, en deuxième semaine de Roland, il ya cinq français !
Le plus beau match revient au jeune Patrice Dominguez (qu'est décédé il y a peu le pauvre) a battu Adriano Panatta au 3e tour, 97 au 5e d'un match de dingue.
Il est accompagné par Pierre Barthès, un ancien talent banni de la fédé pour avoir osé passer pro dans les années 60, Goven, Jauffret et Proisy.
[size=big]Pierre Barthès[/size]
Il participera en fin d'année à la deuxième édition du Grand prix Pespi Cola (futur Masters de fin d'année, qui réunissait à l'époque les sept meilleurs joueurs du circuit Grand Prix (ne comptent donc pas Rosewall et Newcombe, vainqueurs en Australie et à Wimbledon mais sous contrat du circuit concurrent de la WTC).
Seul l'un des cinq atteindra les quarts, il s'agit du plus prometteur, le talentueux [size=big][b]Patrick Proisy[/size]. Il n'a encore perdu aucun set mais a pourtant écarté la TDS8, le dangereux soviétique Metreveli, au second tour.
La légende dit qu'après ce match, le président Pompidou aurait convié Proisy à un diner à l'Elysée et lui aurait confié "Maintenant, vous pouvez gagner les Internationaux de France !"
Son excellence le président avait beau être conseillé par un premier ministre amateur de sport en général et de tennis en particulier (oui, Chaban Delmas avait même participé à Wimbledon), son prono restait un peu prématuré.
En quarts de finale, Proisy est vaincu par Jan Kodes, tenant du titre et futur vainqueur de l'édition 71.
Ci dessus, Proisy en train de se demander s'il va voter Pompidou aux prochaines présidentielles.
Orantes n'a pas encore percé, Gisbert est un peu vieux... Sans Santana, ça devrait le faire, non? C'est probablement ce qu'on dû se dire les bleus lorsqu'ils ont pris la direction de Barcelone, le 11 juin 1971. Il s'agissait d'une demie de la zone Europe B, et comme derrière il y avait deux matchs interZone puis le Challenge Round contre les US, c'était, on va dire, un huitième.
Et effectivement, Jauffret prend l'avantage en dominant Gisbert 62 63 62.
Cependant, Proisy est battu par Orantes 61 62 63.
Le double est décisif et c'est Orantes Gisbert qui s'imposent 63 46 63 62.
Le 4e match est très tendu. Jauffret est capable de très grands matchs en coupe davis et celui là sera interminable : c'est finalement Orantes qui qualifie l'Espagne en finale, 64 79 64 57 75.
Victoire de l'Espagne 3/1.
par la suite, les espagnols perdront la finale Europe B contre les tchèques de Kodes.
Pour la quatrième année consécutive, ce sont les USA qui s'imposent au Challenge round, face aux Roumains du terrifiant duo Nastase-Tiriac.
Le moment décisif aura été le second simple, remporté par Froehling, jugé plus "prenable" que Stan Smith, sur Tiriac, 86 au cinquième.
Bon, le temps presse et j'ai la flemme (et du taf, pour une fois), donc je raccourcis un peu mes rétros. EDIT : AH MAIS J'Y ARRIVE PAS BRDEL!
[size=big]Episode III : 1970, Des larmes du sang mais à la fin c'est l'espagne qui gagne..
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On avance un peu dans le temps, allez zou.
Depuis l'épisode précédent, Santana a changé de dimension.
En 1964, un deuxième succès à Roland-Garros, déjà, hop. Il devient le seul joueur capable de rivaliser avec les australiens. Mais la terre battue ne l'intéresse déjà plus. Il veut devenir un grand spécialiste du gazon, seule manière à ses yeux d'accrocher une victoire en coupe Davis.
Or le gazon, il n'y arrive pas. Il aura même cette phrase célèbre "Le gazon, c'est pour les vaches". Citation reprise ensuite par des herbivores contrariés, comme Lendl, Vilas ou Rios (et peut être Muster me semble).
Le gazon, ça le saoule, mais s'il veut avoir une chance en finale de coupe davis, il va lui falloir en bouffer. Les années suivantes, il fait l'impasse sur Roland-Garros et s'impose à Forest Hills en 1965 (oui l'US se jouait alors sur Gazon) puis à Wimbledon en 1966.
Premier ibère à gagner dans le temple du tennis. Aujourd'hui, ils sont deux. Saurez vous deviner le nom du 2e ?
Par deux fois, il amène l'espagne en finale de la coupe davis, en 65 (toute première finale de l'Espagne!), puis en 67. Par deux fois, c'est plié dès le double, mais Santana sauve l'honneur en battant Emerson (en 65) et Newcombe (en 67) dans des matchs pour du beurre.
Perf pas si anodine parce qu'Emerson n'a perdu dans toute sa carrière qu'un seul match de finale de Coupe davis (en neuf finales)... 15/13 au 4e contre Santana.
Les finalistes 65 jouant à la corde raide.
Bref, le tennis amateur des années 60 se résume parfois à "Santana fait ce qu'il peut face aux kangourous, mais ça ne suffit pas. "
Cependant, en 68 avec la fin du tennis amateur, Santana est peu à peu ringardisé par ses camarades professionnels de retour en grand chelem, et il ne lui reste guère que la coupe davis pour briller ( la coupe davis se refuse à toute ouverture et les pros y sont encore interdits).
De plus, les derniers grands amateurs australiens (Emerson et Newcombe) sont passés pros et l'Australie va enfin lâcher la coupe après une quinzaine de saisons de domination quasiment continue.
Les espagnols auraient pu en profiter, mais Santana est bien seul... en 68, ils sont battus par les USA du jeune Arthur Ashe, double vainqueur de l'US Open cette année là (puisqu'en 68 ils ont organisé un tournoi pro ET un tournoi amateur... et Ashe a gagné les deux).
En 69, ils butent sur les roumains de Nastase et Tiriac, une équipe majeure du tennis amateur à partir de ce point là.
Pour le seconder, il ne peut toujours pas compter sur Gimeno, les pros étant toujours bannis de la coupe Davis. A ses côtés en 70, il a [size=big] Manuel Orantes[/size], un petit jeune de 21 ans qui jouera un rôle important dans la première moitié des années 70 mais n'a encore pas grand chose à son actif.
Et qui on a en france ?
Eh bien on a[size=big] François Jauffret[/size], le visage principal du tennis français dans les années pré-Noah.
Demi finaliste à Roland en 66, gendre idéal, bla, bla, bla... Son exploit le plus connu est d'avoir quasiment battu Borg à Roland en 76, enfin, de l'avoir suffisamment épuisé pour que Panatta puisse l'achever au tour suivant.
Et on a [size=big] George Goven[/size], demi-finaliste à Roland cette année là.
La rencontre a lieu du 12 au 14 juin 1970 à Roland Garros, et elle commencera très fort. C'est la demi finale de la zone europe B. Comme après il reste deux tours d'inter-zone et le challenge round, on va assimiler ça à un huitième de finale.
Quelques semaines plus tôt, Goven avait créé une sacrée sensation en huitièmes de Roland en battant en cinq Santana, déjà vieux à 32 ans mais toujours TDS3 et l'un des favoris. Comble de l'humiliation, il avait achevé la rencontre par un 6/0 !
En quarts, il avait battu jauffret.
[video]www.ina.fr/video/CAF95051474[/video]
La revanche ira en cinq sets, 61 68 62 26 63 pour Goven !
La demie de Roland 1970 restera hélas le sommet de la carrière du pauvre Goven (j'ai en tête un capitanat de Coupe Davis en 93-94, pas hyper fructueux).
Par la suite, Orantes bat Jauffret en quatre, 36 61 64 62.
Enfin, nullement fatigué par son premier match, Santana associé à Gisbert écarte Chanfreau et Royer 64 64 86.
3/0 Pour l'Espagne qui se qualifie pour la finale de la zone Europe B. Ils y battront les yougoslaves, puis enchaîneront avec les brésiliens en demie Interzone, avant de perdre de manière assez inattendue à Dusseldorf contre l'équipe d'Allemagne de l'Ouest.
Les allemands se feront eux même battre par les Américains d'Arthur Ashe.
Ashe, d'ailleurs, décidera de boycotter la coupe davis suite à cette édition pour protester contre l'interdiction imposée aux pros. Il était le seul joueur d'importance à participer..
Une photo de Thuthur Ashe lors de cette fameuse finale.
[video]https://www.youtube.com/watch?v=_Yr-8I3xQck[/video]
Le double décisif
https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/d-ou-vient-la-carioca-la-celebre-danse-de-la-cite-de-la-peur_2341857.html
Purple, bravo et merci.
[size=big]Episode II : 1963, La grande époque des amateurs espagnols
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Beaucoup de temps s'est écoulé depuis le dernier épisode puisque la seconde rencontre a lieu quarante ans après. Pour vous situer, 1963, c'est l'année du tout premier épisode de Doctor Who, c'est l'année du discours "I have a dream", c'est aussi l'année d'un des assassinats les plus médiatiques de l'histoire.
Plusieurs générations de tennisman se sont succédées mais le sport a énormément changé : réservé il y a quelques décennies aux classes privilégiées, voire aristocratique, il s'est popularisé. Les résultats tennistiques se sont médiatisés, mais surtout, deux circuits cohabitent. Celui des amateurs, seuls autorisés à participer aux tournois du grand chelem mais surtout à la Coupe Davis, et celui des professionnels, qui sont payés pour jouer.
Régulièrement, les jeunes qui montent utilisent les grand chelem amateurs comme rampe de lancement pour se faire connaître : par exemple; en 1962, le jeune Rod Laver réalise le grand chelem calendaire et s'appuie sur cet exploit pour négocier un gros contrat avec les promoteurs des circuits pros.
Une semaine plus tard à Sydney, Rod Laver fait ses débuts professionnels contre Hoad et Rosewall, les deux meilleurs pros du moment. qui avaient fait rêver le tennis amateur au milieu des années 50. Et là, il se fait littéralement déboiter. Hoad eut alors ce mot resté célèbre :
- Mettez-vous à sa place! Il n'a pas rencontré un seul vrai joueur depuis trois ans!
Je tremble à l'idée des débats que pouvaient avoir les tennix de l'époque sur les tableaux en mousse, les circuits en alu et les tournois en margarine.
Cependant, tous les joueurs ne choisissent pas la voie pro et décident de conserver un statut.. intermédiaire, plus confortable. C'est le cas du meilleur joueur espagnol du moment, [size=big]Manolo Santana[/size]. Santana possédait officiellement le métier représentant pour une célèbre marque de cigarettes américaines sur le territoire espagnol , (métier à peu près fictif obtenu par quelques pots de vin de sa fédé ) ce qui lui permettait de justifier un statut d'amateur, de gagner correctement sa vie et de consacrer son temps libre au tennis.
Santana fut l'un des meilleurs joueurs de terre battue de son époque.. En 1961, il remporte son premier Roland en battant successivement Fraser, Rod Laver et le double tenant du titre, une autre légende du tennis amateur européen, l'italien Pietrangeli, lors d'une finale acharnée en cinq sets ou Manolo épuisera peu à peu son adversaire.
Manolo n'était pas le seul vrai-faux amateur de son époque. Roy Emerson, le meilleur amateur des années 60, était pour sa part "chargé des relations publiques de Philipp Morris en Australie". Quant au circuit amateur, ces habiles manoeuvres lui permettaient de garder en son sein quelques joueurs majeurs et donc de maintenir coûte que coûte l'intérêt des tournois du grand chelem et de la coupe davis.
Bref, revenons en à la coupe davis. Santana avait l'inconvénient d'être madrilène dans une fédération à majorité catalane, qui lui préféra longtemps "l'autre" grand joueur espagnol, Andres Gimeno. Cependant, en 1962, son grand rival accepte de partir sur le circuit pro.. A partir de 1963, et jusqu'à l'ère open, le tennis espagnol se construira donc autour de Santana.
Le second membre de l'équipe espagnole est [size=big] Juan Couder [/size], un pilier de l'équipe dans les années 60, également vainqueur du tournoi organisé au Canada en 62 (qui est aujourd'hui la Rogers Cup).
L'équipe française est, elle principalement portée par[size=big] Pierre Darmon[/size], régulièrement placé dans les dix meilleurs joueurs amateurs dans les années 60 et finaliste de Roland cette année là (ou il se fait nettement dominer par Emerson). Un gars brillant, inventif et combatif, mais qui manquait de puissance au service.
Là c'est la finale, Darmon à droite, Emerson à gauche
Pour le seconder, un cas étrange : le jeune [size=big]Jean Claude Barclay[/size]. Petit, gaucher contrarié, malingre, bigleux, une vue à 2/10e, interdit de sport à l’école, il est la risée des profs de gym mais hérite d’une raquette et la tient n’importe comment, avec une prise à l’envers : un revers à deux mains qui fait hurler les puristes. Car nous sommes encore avant le passage de bjorn Borg, et le revers à deux mains est encore une curiosité, pratiquée ça et là par des joueurs mineurs.
Sauf que Barclay joue de cette étrangeté comme d'une arme et parvient à faire tomber les meilleurs, peu habitués à ce style de jeu. Cette année là, en quarts de finale de Roland Garros, il parvient à faire douter Santana, pourtant l'un des favoris aux titre, et l'emmène dans un cinquième set à la surprise générale. Quelques jours plus tard, lorsque Santana (TDS2) rencontre Darmon (TDS3) en demies, le match va en cinq sets, l'énergie laissée par l'espagnol contre Barclay en quarts a probablement laissé des traces...
Trois semaines plus tard, le 14 juin 1963, nos compères se retrouvent en quart de finale de la zone Europe. La rencontre a lieu sur la terre battue de Barcelone, grand lieu de l'histoire tennistique.
Lors du premier match, Santana retrouve Barclay qui lui avait donné tant de difficultés à Roland Garros... Mais cette fois, il ne tombe pas dans le piège, d'autant que Barclay avait du mal à gérer les matchs de coupe davis : la première manche va à l'espagne, 61 62 62.
Dans le second match, Darmon remet le score à égalité en battant Couder 64 62 60
Le double officiel français dans les années 60 était composé de [size=big]Daniel Contet et Patrice Beust[/size], qui joueront une quinzaine de rencontres ensemble.
Face à Santana et [size=big]Jose Ardillas[/size], ils perdent le double 75 62 62
Ici Beust et Contet en 67 lors d'un match de coupe davis face à la Suède
Le match des numéros un oppose Darmon et Santana, une très belle affiche entre deux des meilleurs amateurs européen de l'époque, la revanche de la demie de Roland quelques semaines plus tôt.
C'est Santana qui a le dessus en trois sets, 63 64 108.
L'espagne se qualifie pour les demies de la zone europe, qu'elle perdra face à la Grande Bretagne. Défaite dommageable puisque cette année là, pour une fois, les Australiens étaient prenables : Rod laver passé chez les pros, Neale Fraser vieillissant et blessé au dos, John Newcombe encore très jeune.. malgré la présence d'Emerson, les Australiens alignent leur plus mauvaise équipe depuis une dizaine d'années !
Ce seront donc les Etats Unis qui s'imposeront grâce à Ralston et McKinley, d'authentiques amateurs par ailleurs plus impliqués dans la poursuite de leurs études que dans la pratique du tennis (McKinley deviendra par la suite trader à New York !)
Les voilà ici en train de poser avec le président Johnson, le remplaçant de Kennedy qui sera d'ailleurs réélu en 64.
Comme la demie de ce qui sera peut être la dernière édition de la coupe davis se rapproche à grands pas, autant se lancer dans ce qui fait le sel de mon existence, c'est à dire des rétrospectives sur la coupe davis.
France 2 - Espagne 6
[size=big]Episode I : 1923, La toute première des finales européennes
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La première rencontre entre les équipes française et espagnole eut lieu en 1923. A l'époque, Hitler était un obscur opossant qui admirait Mussolini, Lénine avait ses premières attaques d'apoplexie et une guerre de succession opposerait bientôt Staline et Trotsky.
Bref, on est dans un vieux film en noir et blanc.
Nous parlons d'une époque ou la Coupe Davis se fait encore appeler l'International Lawn Tennis Challenge.. Originellement pensée comme une rencontre entre une équipe britannique et une américaine, la compétition rassemble chaque année des équipes d'amateurs de plus en plus de pays. Cela pose de gros problèmes de logistique, d'autant que les joueurs de l'époque sont amateurs et doivent concilier défense de la patrie et .. travail à temps plein. En 1921, par exemple, l'équipe belge bat la tchécoslovaquie... avant de déclarer forfait pour le tour suivant, faute de pouvoir se payer le voyage pour aller défier le Japon à l'autre bout du monde....La coupe Davis n'a qu'une vingtaine d'éditions derrière elle ... et doit (déjà) se réformer.
Cette année, pour la toute première fois, est expérimenté un système de deux zones, la "Zone Europe" et la "Zone Amérique". Le gagnant de la finale européenne rencontrera ensuite le gagnant de la zone Amérique.. Le vainqueur de ce barrage affrontera le tenant du titre , les Etats Unis d'Amérique qui sont à peu près intouchables depuis la fin de la guerre et l'édition 1920, lors de la finale de la coupe davis, le "Challenge Round".
La France et l'Espagne se qualifient pour la finale Européenne (qu'on assimilera ici à un quart de finale vu qu'il reste deux matchs à jouer après). La rencontre se joue à Deauville, sur terre battue, du 28 juillet au 1er aout 1923.
Les espagnols étaient une bonne équipe européenne dans le début des années 20, grâce à leur paire [size=big]Eduardo Flaquer / Manuel de Gomar [/size](qui était comte, parce qu'il y avait pas mal de nobles dans les joueurs de tennis à l'époque). Ensemble, ils ont atteint la finale de Wimbledon 1923 en double et de Gomar atteint la finale des championnats du monde de terre battue en 1922, ou il perd en cinq sets contre Henri Cochet. Championnats sur terre battue qui se déroulaient à ... Bruxelles, puisque le futur tournoi de Roland Garros était encore réservé aux seuls amateurs licenciés en France.
Bref, il ne s'agit pas d'inconnus, mais il est difficile de retrouver une image d'eux. J'en ai retrouvé une de Flaquer, à gauche sur la photo, lors d'une rencontre de Coupe Davis de 1928. Flaquer était aussi défenseur du FC Internacional, un club de foot de Barcelone de l'époque.
Pas moyen de retrouver une photo de de Gomar, alors qu'il avait atteint la petite finale de la coupe davis 1922. Lui et son pote Manuel Alonso de Areyzaga s'étaient fait battre par les Aussies qui s'étaient eux même fait ensuite détruire par les US dans le challenge round.
Les français sont beaucoup plus connus, il s'agit des fameux Mousquetaires, qui étaient alors une petite bande de jeunes de vingt ans pressés de conquérir le monde..
De gauche à droite : Henri Cochet, Toto Brugnon, le Capitaine Muhr, René Lacoste et Jean Borotra. L'équipe est présente au complet pour la toute première fois lors du quart de finale contre l'Irlande.
Pour la finale européenne, les français se reposent sur leur benjamin [size=big]Lacoste[/size], aligné en simple, tandis que [size=big]Brugnon et Cochet[/size] forment la meilleure paire de double française du moment. Le second joueur de simple français est un vieux de la vieille (37 ans ! personne ne peut jouer au tennis à cet âge) du nom de [size=big]Jean françois Blanchy[/size].
La vigueur de cette moustache m'amène à penser qu'il pourrait en réalité s'agir de Mansour Bahrami lorsqu'il était un peu plus jeune.
Mais ce JF Blanchy n'est pas n'importe qui. Cette année là, il remporte les Championnats de france de Paris en battant cochet en demies puis Dexcugis en finale (l'octuple champion, celui qui a remporté le plus de titres après Nadal)
Je n'ai hélas pas retrouvé d'images de la rencontre.
Rene LACOSTE bat de GOMAR 63 64 57 64 puis BLANCHY enfonce le clou contre FLAQUER 61 62 36 61.
Les deux espagnols sauvent l'honneur lors du double en arrachant le match 64 86 11-13 16 64 avant que LACOSTE ne scelle la victoire contre FLAQUER 61 63 62
Deux points et homme du match le René. J'imagine qu'il a fait parler sa légendaire patience de crocodile de fond de court
La france atteint donc la première finale Inter-Zone de l'histoire de la Coupe Davis. Elle se joue dix jours plus tard, à Boston. Des mousquetaires, seul Cochet fait partie du voyage, avec André Gobert.
Cochet gagne son match contre Pat O'Hara, vainqueur cette année là du championnat d'Australie, mais Patterson (vainqueur de Wimbledon 1922) remporte ses deux matchs de simple, et la paire O'Hara Patterson s'impose également au terme d'un double très disputé.
L'ère de la domination française n'est pas encore venue, mais ils ont pris date et atteindront le challenge round dès 1925.
En 1923, ce sont les américains qui gagnent, pour la quatrième fois d'affilée. A l'époque, ils sont intouchables : Tilden, Johnston, Richards et Williams sont les quatre meilleurs joueurs de simple ET de double du moment. (la photo date de 1922)
c'est charitable de la part de la fédé.
Non mais merde, encore Lille ?
Lille accueillera la demie entre france et espagne