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Et soudainement, elle s’arrêta de courir, elle stoppa net sa course, ses pensées toujours présentes et incessantes ne cessaient de la tourmenter, souffle coupé, elle ne respire plus. Elle était joyeuse depuis toujours, depuis aussi loin qu'elle se souvienne, rassurée, apaisée, loin de toute nuisances, de toute pollutions énergétiques environnantes et assombrissantes, comme totalement libérée de son esprit jadis écorché.

Mais alors, que fuyait-elle avec tant de volontés, d'un indubitable déterminisme ?

Elle qui avait, selon les dires et les avis de ses proches et de toute personne l'ayant coutoyée de loin ou de près, à un moment donné de leurs vie, un charisme et une beauté qui seraient d'une évidence certaine, mais ne reflétant qu'une partie infinitésimale, pour ne pas dire imperceptible, d'une profondeur d’âme.

Lors de sa course effrénée, dont au fond, la cause originelle de celle-ci lui est devenue presque oubliée, au gré des tourmentes l'ayant gagnées depuis bien des saisons, et l'ayant inéluctablement rendue cible primaire de toutes sortes d'obstacle la menant indirectement à l'apoplexie.

Mais elle poursuivit perpétuellement sa course, malgré l'incapacité d'y percevoir et/ou d'y atteindre une destination finale, ensanglantée et luttant face à la névrose de plus en plus grandissante, l'envahissante, sans désemparer.

Malgré l'effort de cette lutte incessante, elle gardait dans un coin de sa mémoire défaillante, des stigmates défragmentés toujours profondément présents, de ses expériences sensorielles passées. Ces séquelles qui la torturent autant qu'ils la maintenaient encore debout, alimentant dans un mouvement mécanique quasi désespéré, ses muscles anémiés et boursouflés.

Autour d'elle, régnait une atmosphère dont les horizons environnants suintaient un entremêlement de sentiments de fraîcheur, de féerie ainsi que d'éclats de pureté, un paysage champêtre aussi beau et laissant bercer quiconque s'y aventurant, dans un berceau mystérieux, entrant en corrélation avec un certain goût prononcé d'une délivrance inexpliquée.

Toute cette ambiance s’interprétante sous formes de lueurs aussi abstraites, quasis obscures, tant elle paraîtrait étrangère de part tout ce flot de subtilités désarçonnant et impactant sur ses connaissances ainsi que ses convictions profondes.

Ses connaissances basées sur l'ordre du connu, la rendant prises au piège dans les méandres d'une vérité factuelle, préconçue, dont les racines sont potentiellement toutes aussi décousues et incertaines face à ce qui l'échappait.

Tout ce qui a été dit jusqu'à ce moment, c'est tout ce qu'elle fut été, tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle sera lors de cet intense mais éphémère passage dans ce monde, ce qui la ramène inévitablement à l'une des biens nombreuses causes communes dictées par le droit naturel, mais dont elle ne voyait et théorisait cela aucunement en un quelconque fatalisme.

Prise au piège dans le tourbillon de ses propres convictions, elle s’efforçait malgré tout, avec passions et affirmations, d'en rejoindre la destination, celle menant à sa libération en faisant abstraction de celle qui la dirigeait vers son extinction

Elle savait éperdument, au fond d'elle, de sa chaire et de son âme, que les choses qui la rattachent et la maintiennent en vie, sont aussi celles qui la brûlent, qui la torturent tant elle en éprouve de l'amour, pourtant elle détestait ce sentiments propices aux passions dévorantes, elle n'aimait pas aimer car elle savait que ce voyage aurait de grandes chances, d’être un allé sans retours. Ce qui la terrorisait, elle qui pour se rassurer, aimer à croire en la théorie de l'éternel retour.

Ces choses qui nous dépassent et nous fascinent à la fois, elle, au delà des choses, ce qui la fascinait autrement plus intensivement, c'était cette frontière qui illusionnait ses appréciations faussement détachées vis à vis de ses connaissances pures.

Elle se perd, elle se tue, elle s'écorche, elle se meurt en l'autre, en sa quête embrumée de ce qu'elle pense être l’inaccessible.

Si bien que ses larmes qui jadis coulaient d'une abondance démesurée dues à son rapport à cette conséquente vulnérabilité, s'étaient évaporées, laissant place à un vide familiarisé.

Et cette voix sibylline, qui lui martelait l'esprit et que elle seule pensait être capable d'entendre, la voix du monde, cette voix qui était à la fois harmonieuse, d'une douceur ainsi que d'une suavité sans pareil. Cette voix qui était sa chapelle, qui la protégeait de ses propres croyances et de toute formes de conditionnement, de formatage.

Cette voix qui était toujours là, qui la confortait dans l'idée que la joie pouvait lui être éternelle et embrasera toujours cette peur qui la confine dans la tourmente, qui affaiblissait ses sens, qui déchirait son cœur d'une douleur térébrante.

Cette voix était en réalité son plus fidèle allié, et, paradoxalement, son pire cauchemar tant elle la rendait assujettie à ses obsessions les plus dévorantes.

Il fallait qu'elle perde tout pour se rendre compte à quel point elle avait tout gagné.

Il fallait qu'elle se détruise pour se rendre compte à quel point il est fondamental qu'elle commence à s'aimer.

Il fallait qu'elle rigole pour savoir ô combien elle ne pourrait se laisser consumer par la tristesse.

Il fallait qu'elle mente, aussi, pour découvrir que le mensonge ne provenait qu'en réalité, de l'intention de revêtir d'un voile opaque et aux contours muraillés, une vérité non-assumée.

Il fallait qu'elle se fasse agresser pour ne plus jamais se laisser faire et se battre.

Il fallait qu'elle côtoie le profond ennui pour parvenir à ne plus jamais être lasse de ce qu'elle considérait auparavant comme étant éreintant et qu'elle s'émerveille encore de ce lui réserve la vie.

Prisonnière d'un corps dont l'éveil des sens étant limité, obstrué, comme jalonné par des amas de ronces épineuses dont la nature n'est autre que son appréhension d'un monde qu'elle considérait comme infiniment beau, trop, peut être ?

Non, car rien ni personne de ce qu'elle considère et ressent comme lui étant profondément libérateur ici bas, ne sera jamais assez trop beau tant elle savait que cette source propice à son émerveillement était trop belle pour être réelle.

Elle décida donc de lever sa hache avec fureur, frénésie, comme habitée d'un vent d'une férocité toute aussi dangereuse pour elle que pour l'antagoniste, paradoxalement, dénuée de la moindre haine.

Elle décapita avec rage celui ou celle qui tentait de réduire son bonheur à une une fatalité et une vie spleenétique.

Et le monde pourrait bien cramer, et ce monde peut bien cramer, qu'importe, il était de toute façon bien trop beau pour qu'elle puisse en être capable d'en capter l'essence.

Toute la prestigieuse féerie qui en découle, qui en émane, la rendait bien trop étourdie pour continuer à s'y attacher, les abysses la guettaient et, de toute évidence, l'heure n'est plus à la repentance.

Elle ne savait pas vivre plus d'une minute sans être terrifiée par son immensité.

Elle n'était plus capable de s'évader face à une telle liberté.

Elle était l'arbre déraciné qui jalousait ce robuste Platane enclavé.

Partagée entre la fascination de l’insaisissable perfection et l'adoration de la raison, de là était née sa clémence envers l’authenticité qu'elle détestait adorer.

Et puis, il n'y aura pas foule encore, ce soir, il faudra se confronter au vide, il faudra affronter la fatalité qui fait que nous ne pouvons n'être plus aimée que par soi-même.

La solitude perfore une nouvelle fois ton cœur qui était déjà bien fragile, et tes larmes ont bien trop coulé à travers tout le fusain qui protégeait tes rêves de gamine, maintenant assombris et lointains..

Faut croire qu'autrefois, elle pouvait bien encore flâner en se passant d’être émerveillée, sans se soucier de succomber à ses pensées torturées.

Il fallait qu'elle aie peur pour être envahie d'un sentiment de quiétude.

Il fallait qu'elle doute pour comprendre.

Il fallait qu'elle déteste pour aimer.

Il fallait qu'elle soit blessée pour être forte.

Il fallait qu'elle parte, pour revenir..

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Kolibri
Elle est partie. Reviendra-t-elle ?