Federer stoppe Djokovic et rejoint Nadal à Roland Garros
Roland Garros 2011
Roger Federer a livré un match incroyable, ce vendredi, pour écarter Novak Djokovic et se hisser en finale de l'édition 2011 de Roland Garros. Le suisse, numéro 3 mondial, a en effet dû jouer son tout meilleur tennis pour venir à bout du serbe, 2ème joueur mondial, qui était encore invaincu cette saison et qui restait sur 41 victoires conscutives sur le circuit ATP où il n'avait plus perdu depuis novembre 2010, déjà face à Federer. L'helvête l'a emporté sur le score de 7/6(5), 6/3, 3/6, 7/6(5) après 3h40 de jeu sur la terre battue du Court Philippe Chatrier et alors que l'obscurité commençait à tomber sur la Porte d'Auteuil. Comme en 2006, 2007 et 2008, il retrouvera donc Rafael Nadal en finale du tournoi parisien avec l'occasion de s'offir un 17ème titre du Grand Chelem et de faire taire, au moins pour quelques temps, les rumeurs annonçant son déclin.
Un premier set au couteau
Dès les premières frappes du match, le ton était donné. On s'attendait à un duel épique et les deux hommes n'allaient pas nous décevoir. Pas de round d'observation, pas de période de rodage, d'entrée de jeu Federer appuyait à fond sur l'accélérateur, remportait les trois premiers points du match et prenait le service adverse sur le sixième. Djokovic répondait dans la foulée, pliait sans rompre sur ses deux mises en jeu suivantes et finissait par faire lui-même la différence pour se détâcher (4/2). On croyait alors le rouleau compresseur serbe lancé et prêt à marcher sur tout ce qui s'opposerait à lui. C'était sans compter sur le suisse qui alignait les points venus d'ailleurs pour recoller immédiatement (4/4). Djokovic semblait toutefois avoir pris un légère ascendant, il tenait son service et forcait donc le vainqueur de l'édition 2009 à servir pour rester dans le set. Un jeu qu'il ne débutait pas de la meilleur des façon, ne s'adjugeant qu'un seul des quatre premiers points et se retrouvant ainsi face avec deux balles de set à sauver. Quatre coups de génie plus tard il était cependant de retour à hauteur (5/5), confirmant qu'il était bien décidé à tenir bon dans ce travail d'équilibriste que lui imposait Djokovic et qui consistait à prendre tous les risques en permanence, frolant par moment la chute mais continuant à avancer avec la même tactique, droit devant, imperturbable. Les deux jeux suivants étaient accrochés mais aucun des deux joueurs ne lâchait prise, laissant le soin au jeu décisif de venir les départager. Là encore, les deux champions jouaient au chat et à la souri, s'imposant un combat mental incroyable dans lequel Federer s'avérait être le plus costaud. Menant 6 points à 5, il faisait craquer Djokovic qui envoyait la balle dans le filet dès cette première balle de set en faveur du suisse. La graine du doute était semée dans l'esprit du serbe au terme d'une première manche de toute beauté.
Un second set de rêve pour Federer
Cela n'allait en effet pas tarder à se confirmer. Après un léger relâchement sur les premiers points, Federer reprenait en effet sa marche en avant et la réponse n'était plus la même de l'autre côté du filet. La machine Djokovic, si bien huilée depuis le début de la saison, était toute proche de s'enrayer. Commettant des fautes qu'on ne lui connaissait plus, il laissait le suisse, toujours sur son nuage, prendre le large. Ce dernier enchaînait les coups gagnant pour se détâcher (4/1) et passait même tout prêt de faire le double break. Le numéro 2 mondial tenait bon cependant, forçant son adversaire à servir pour la gain de la manche et s'offrant même une balle de débreak avant de finalement céder (6/3).
Troisième set, un tournant ?
La rupture n'était pas loin en tout début de troisième set, Federer poussant Djokovic sur le reculoir dès le premier jeu. Peut-être un peu trop sûr de sa force c'est cependant le suisse qui finissaitse par se relâcher et qui cédait sur le jeu suivant. Envoyant une amortie toute faite dans le filet et commettant sa première double faute de la partie, il offrait presque le break à son opposant. Remis en confiance, le serbe ne se faisait pas prier pour en profiter (3/0) et il retrouvait du même coup toute sa fougue, sa puissance et sa précision déstructrices. Six jeux plus tard il revenait à 2 sets à 1 (6/3) et c'est désormais lui dont on se demandait ce qui allait bien pouvoir le stopper.
Quatrième set, Federer le survivant
Mieux physiquement que son adversaire, chaque minutes qui passait semblait en effet lui donner un peu plus l'avantage et la question qui commençait à poindre n'était plus tant de savoir s'il y aurait un cinquième set mais plutôt, la nuit tombant sur la capitale française, quand est-ce qu'il allait se jouer. Régulièrement dominé dans l'échange, Federer restait cependant au contact à la force du service au terme des huit premiers jeux (4/4). Djokovic mettait alors le coup d'accélérateur nécessaire pour faire le break (5/4) au meilleur moment et réaliser le scénario prévu qui semblait alors inéluctable. La décision se ferait bien le lendemain dans le cinquième. Mais, encore une fois, Federer ne s'avouait pas vaincu si facilement. Ultra offensif et de nouveau dans son costume d'équilibriste, il s'offrait en effet trois balles de break, trois balles pour rester en vie dans ce quatrième acte. Les deux premières était magnifiquement écartées mais le suisse ne laissait pas passer sa chance sur la troisième, conclue par un énorme coup droit gagnant suivi d'un "Come on !" qui en disait long sur sa satisfaction de ne pas avoir cédé (5/5). Sur le jeu suivant, Djokovic repassait toimmédiatement à l'attaque, il obtenait deux nouvelles balles de break mais en vain (6/5), il allait devoir servir pour rester dans le match. Il le faisait à merveille puisque, mis sous pression à 30-30, il alignait un coup droit et un service gagnants pour s'offrir un jeu décisif.
La marque des grands
Federer débutait au service, tenait son engagement et ne tardait pas à faire une première différence (3-1). Djokovic ne se laissait néanmoins pas distancer et recollait avant le changement de côté (3-3). C'est le moment que choisissait le suisse pour planter sa seconde banderille (4-3) et confirmer dans la foulée grace à deux énormes sevices (6-3). Trois balles de finale pour l'ancien numéro 1 mondial à qui la victoire semblait ne plus pouvoir échapper. Le doute ne semblait plus permis mais la première balle de match allait se charger de le refaire entrer en scène. L'échange s'engageait dans l'atmosphère si particulière qui entoure ce genre de points décisifs et c'est le filet qui se chargeait d'en déteminer l'issue. Le revers de Djokovic heurtait la bande et retombait du côté de Federer qui ne pouvait que toucher la balle alors qu'il s'était probablement déjà vu lever les bras l'espace d'un instant. Il n'y avait pas de suspense sur la seconde que le "Djoker" écartait sans broncher, forçant ainsi son illustre adversaire à prendre ses réponsabilités. Une troisième occasion manquée pouvait alors s'avérer teriblement destructrice pour le suisse qu'on aurait difficilement vu se relever dans cette éventualité et qui ne pouvait donc pas se permettre de laisser passer sa chance. La tension était à son comble, tout le monde retenait son souffle en prévision de l'échange qui allait probablement s'engager entre les deux hommes et dont la tension serait à nouveau insoutenable. Il n'en fût rien pourtant puisque c'est le moment que choisissait Federer pour rappeler un peu plus le champion qu'il est en décochant son 18ème et ultime ace du match. Il pouvait lever les bras au ciel, l'exploit était accompli, l'homme aux 16 titres du Grand Chelem tentera d'en décrocher un 17ème dimanche.