En tant que passionné depuis tout jeune, je me dois de créer un topic consacré à l'Histoire pour pouvoir échanger avec d'autres passionnés, mais aussi avec des personnes qui souhaiteraient découvrir la discipline.
Pour ce faire, je vous propose un concept assez simple ; chacun peut poster ici une anecdote historique qui lui semble intéressante. Une fois l'anecdote postée, nous pourrons en discuter, mais aussi "valider" cette anecdote. Cette idée de "validation" m'a été donnée par le sympathique Bjorn qui pourra nous donner quelques précisions.
Vous pouvez poster une anecdote quand vous le souhaitez. Me concernant, j'essayerai de sortir un peu du lot en vous proposant des anecdotes assez élaborées. C'est la raison pour laquelle je me limiterai à deux ou trois anecdotes par semaine.
Thucydide disait : "L'histoire est un perpétuel recommencement".
Je vous invite à me rejoindre pour qu'on puisse faire vivre l'Histoire à notre façon ^^
N'hésitez pas si vous avez des idées :D
Anecdote n°46 : Les enfants héros dans la Grande Guerre !
Contexte : La Grande Guerre est considérée comme une guerre totale, c’est-à-dire que les non-combattants deviennent des acteurs majeurs du conflit. Autrement dit, ils peuvent être de potentielles victimes. C’est le cas des femmes qui sont chargées de remplacer les hommes au travail et de soutenir le moral des combattants. Nous pouvons prendre l’exemple des « marraines de guerre » qui sont mises en place afin d’entrer en correspondance avec des combattants. D'autres s'engagent également dans la résistance.
Les enfants sont eux aussi mobilisés. À noter qu’il y a plus de travaux sur les enfants dans la Grande Guerre que dans la Seconde Guerre mondiale. Dans la même logique que les femmes, le conflit n’échappe à personne en raison d’un triple discours tenu envers la jeunesse : celui de l’État, de l’école - puisque la jeunesse y passe une bonne partie de son temps - et celui de la famille. Par ailleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas de figures héroïques d’enfants puisque la France n’a pas été très impliquée (militairement parlant), à l’inverse du premier conflit mondial.
L’anecdote en elle-même : Pendant la Grande Guerre, il y a des enfants combattants. Ainsi, certains régiments comportaient une mascotte qui pouvait être un enfant. Même si cet enfant mascotte ne combattait pas toujours, il était exposé aux mêmes risques que les soldats. D’un autre côté, il y a des enfants qui combattent réellement. C’est le cas de Jean-Corentin Carré, un Breton qui s’engage à 15 ans sous un faux état civil puisqu’il était impossible de s’engager avant 17 ans. Deux ans après, il s’engage cette fois légitimement sous son vrai nom et meurt dans un combat aérien en 1918. Autre exemple : celui de Désiré Bianco, un Marseillais réputé pour être le plus jeune mort pour la France pendant la Grande Guerre, à seulement 13 ans.
Jean-Corentin Carré
En plus de ces combattants qui sont des exceptions, il y a les fugues héroïques. Il s’agit-là de quitter le domicile familial pour essayer de rejoindre le front. Néanmoins, la faiblesse des archives ne nous permet pas d’en déterminer le nombre, même s’il est certain qu’il y en a eu. Ainsi, certains jeunes essayent de rompre avec les règles de la guerre pour rejoindre le front, mais l’échec reste très fréquent.
Enfin, il y a aussi des figures héroïques légendaires comme celle du jeune Émile qui aurait offert de l’eau à un soldat français sur le point d’être fusillé par un soldat allemand. Ce dernier lui aurait alors laissé le choix entre tuer le soldat français ou mourir. Émile aurait choisi la première option mais, une fois le fusil en main, aurait abattu l’Allemand, avant d’être tué à son tour par un autre soldat allemand. Néanmoins, cette histoire est une invention.
Carte postale mettant en avant le patriotisme des enfants pendant la Grande Guerre
Conclusion : Qu’elles soient vraies ou fausses, ces figures sont des exceptions puisque la majorité des enfants français subissent la guerre. Ils sont trop jeunes pour faire la guerre, mais des petits gestes de leur part aident la nation à vaincre, tout en démontrant leur engagement patriotique.
Bibliographie :
Beaupré Nicolas, Les Grandes Guerres (1914-1945)
Chapitre n°1
Chapitre n°2
Chapitre n°3
Chapitre n°4
Bon courage et bonne réussite dans tes études, ainsi que pour Saque ;)
J'ai eu ma réunion de rentrée le 31 août, puis ai repris tranquillement la semaine dernière avec seulement quelques heures par-ci, par-là. Je reprends pleinement demain, même si l'INSPE n'a toujours pas donné d'indications pour la reprise (c'est censé être tous les lundis). Les cours sont en effet partagés entre l'INSPE et le campus dédié aux sciences humaines.
Bonne rentrée à toi ! Je comprends ce sentiment paradoxal. Je suis moi même dans cet état d'esprit depuis quelques jours ; partagé entre la volonté d'aller au bout en me disant que je suis proche du but et la crainte ne pas réussir à m'adapter aux nouveaux attendus.
N'hésite pas à me donner des nouvelles. J'espère que ce Master te plaira :)
C'est quand ta rentrée ? Pour ma part, réunion jeudi, début lundi prochain. C'est un Master très particulier, je ne suis pas sûr de savoir exactement à quoi m'attendre, alors je suis un peu inquiet (avec aussi une pointe d'impatience).
Je viens vous annoncer que je ne suis plus en mesure de contribuer régulièrement à ce sujet - au moins au cours des deux prochaines années - :(
J'essayerai de publier une anecdote de temps à autre, mais je ne peux dire à quelle fréquence. Il y aura peut-être des vides de un mois, trois mois ou six mois. Je ne peux moi-même vous répondre.
Cependant, j'ai toujours cette volonté de vous partager ma passion pour l'Histoire alors, je peux vous garantir que je finirai par reprendre un rythme cohérent.
Pour l'heure, je ne peux que vous encourager à essayer d'animer ce topic en écrivant vous aussi des anecdotes historiques.
À bientôt :)
Anecdote n°51 : La réforme grégorienne !
Introduction : Entre le rapt de Judith et le divorce de Lothaire II (voir anecdote n°47), le moment carolingien marque un tournant puisque l’Église tente de réglementer le mariage. Cette tentative de réglementation du mariage par l’Église ne fonctionne qu’à partir du XIIe siècle en raison d’un certain nombre de résistances de ceux qui postulent que le mariage est avant tout une opération économique et de maintien de l’ordre social. Ainsi, les principes que l’Église tente de mettre en avant menaceraient cette opération, en introduisant des éléments comme le consentement et l’indissolubilité.
L’anecdote en elle-même : Pour rappel, le mariage aristocratique doit rester une affaire de famille. L’idée est de sceller la paix et la fidélité entre deux familles. Avec la réforme grégorienne, nous sommes dans un moment où la société et la religiosité changent.
Cette réforme doit son nom au pape Grégoire VII, bien qu’elle commence avant son pontificat et se poursuive bien après sa disparition. Il s’agit d’un mouvement de transformations disciplinaires, administratives et spirituelles qui a touché tant l’Église que la société, du XIe siècle au milieu du XIIIe siècle. La réforme prend deux voies principales : celle des mœurs et celle de la papauté. La première est celle des mœurs du clergé. De cette manière, le moine s’impose comme le modèle d’idéal de chasteté. C’est de là que vient l’idée d’une séparation entre les clercs et les laïcs. Dans cette logique, le mariage est désormais réservé aux laïcs. La deuxième voie implique une réforme de la papauté. L’objectif est de débarrasser l’Église de l’emprise des laïcs. C’est la raison pour laquelle une réforme de l’élection pontificale est menée afin d’aboutir à la théocratie pontificale.
Grégoire VII
Les réformateurs grégoriens s’imposent mais se heurtent à la résistance des grands évêques et des grands laïcs. Il faut aussi mentionner un conflit entre le pape et les empereurs. Il faut également noter que ce nouvel ordre qui émerge ne s’impose pas partout au même rythme, ni avec le même enthousiasme. Ainsi, il y a des contestations qui aboutissent à des hérésies comme celle des albigeois.
Quels changements dans le mariage ?
Avec la réforme grégorienne, le mariage devient un sacrement. Désormais, le consentement dans le mariage devient nécessité. Le mariage devient aussi monogamique et indissoluble. Les deux seuls conditions de dissolution du mariage sont le non-consentement d’un des deux époux, accompagné de la non-consommation du mariage et un lien de parenté trop proche entre les deux époux.
Louis VII et Aliénor d’Aquitaine, un exemple de contournement !
Dans l’aristocratie, il arrive que la loi de l’Église soit contournée. C’est le cas de Louis VII et Aliénor d’Aquitaine qui se marient en 1137. Pour les Capétiens, le but de ce mariage est de récupérer le duché d’Aquitaine. Mais, à l’occasion d’une croisade, l’entente du couple se dégrade. Ainsi, le pape intervient dans le but de réconcilier les deux époux (Aliénor est accusée de tromper le roi à Jérusalem). Le mariage est toutefois dissout en 1152. Une histoire de parenté est invoquée afin de permettre cette dissolution.
Le roi Louis VII avant un départ en croisade.
Bibliographie :
Georges Duby et Michelle Perrot, Le Moyen Âge - Histoire des femmes en Occident, tome 2
J'espère que vous vous portez bien ^^
Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour vous publier des anecdotes ces derniers jours, mais j'en ai encore une ou deux intéressantes dans mon escarcelle. J'aimerais bien vous les partager avant la reprise début septembre.
Bonne journée :)
En ce samedi 5 août, nous passons le cap des cinquante anecdotes, marquant également la fin du chapitre n°5 que je tâcherai de formaliser au format PDF afin que les retardataires puissent rattraper :p
Bonne lecture :D
Anecdote n°50 : Les musulmans d’Espagne à l'époque moderne !
En théorie, en 1525, il n’y a plus de musulmans en Espagne ; il n’y a plus que des chrétiens. Les musulmans convertis reçoivent un baptême forcée et doivent ensuite recevoir une éducation chrétienne. Nous parlons de « nouveaux chrétiens », par opposition aux « anciens chrétiens », mais aussi de morisques. Dans ces années-là, le harcèlement à leur égard cesse, au profit d’un dialogue entre les conseillers politiques espagnoles et les conseillers municipaux morisques.
Néanmoins, l’intégration religieuse des morisques est un échec, tout comme leur intégration sociale. En outre, les élites de ces communautés maintiennent des assemblées clandestines avec des pratiques musulmanes. Il y a également une ségrégation sociale entre les chrétiens et les morisques qui sont interdits d’avoir des relations sexuelles avec les chrétiens. Ces « nouveaux chrétiens » n’ont d’ailleurs pas les mêmes droits que les autres. Par ailleurs, les « anciens chrétiens » soupçonnent les morisques de sympathie avec les Ottomans et d’aspirations sécessionnistes. Ainsi, les morisques sont marginalisés et surveillés par l’Inquisition. Beaucoup d’entre eux partent, notamment vers la France, l’Italie ou les côtes africaines.
Portrait de Philippe II d'Espagne
En 1563, le roi Philippe II décide du désarmement des morisques du royaume de Valence. Cette loi se durcit en 1567, avec le décret royal de la pragmatique qui interdit aux morisques de Grenade d’utiliser la langue arabe. Il leur impose donc l’apprentissage du castillan sous un délais de trois ans. Ils sont également interdits de porter les vêtements traditionnels ou de fréquenter les bains. Pour prévenir toute pratique clandestine de l’islam, les morisques sont tenus de maintenir ouvertes les portes de leur maison.
Ces mesures entraînent une insurrection qui est éteinte par Don Juan d’Autriche. Lors de la révolte, les morisques brûlent des églises et s’en prennent aux « anciens chrétiens » en les agressant, les exécutant ou les vendant comme esclaves aux Ottomans. La féroce répression de Don Juan aboutit à l’expulsion des morisques d’Espagne, de 1609 à 1614.
L'Expulsion des morisques, une peinture de Gabriel Puig Roda, 1894
Bibliographie :
Gilles Veinstein, Henry Laurens et John Tolan, L'Europe et l'Islam
L'avant-dernière anecdote du chapitre n°5 est désormais disponible. La formule est revisitée pour une raison : les faits sont assez denses ! Ainsi, je ne voulais pas vous noyer d'informations. Il ne faut pas perdre le principe de l'anecdote qui doit rester succincte.
N'hésitez pas si vous avez des questions.
Bonne lecture :D
Anecdote n°49 : 60-53 – Le premier Triumvirat !
L’anecdote que je vous ai contée dans les paragraphes qui suivent relate un événement incontournable de la période dite « républicaine » dans la Rome antique. Il s’agit-là de l’histoire de trois militaires avides de pouvoir, s’étant alliés en vue de briguer le consulat, qui est la magistrature suprême à Rome. Par la suite, l’un d’entre eux meurt, ce qui donne lieu à une lutte de pouvoir entre les deux autres. À noter que Rome a connu un second Triumvirat qui aboutit à la mise en place du Principat par Auguste, épisode qui pourra faire l’objet d’une future anecdote !
Tout d’abord, il convient de souligner que l’accord conclu entre Pompée, César et Crassus est une alliance politique, et non une magistrature. En ce sens, elle ne prend aucun caractère officiel aux yeux des institutions. Cette alliance demeure d’ailleurs secrète jusqu’à ce que César gouverne. En effet, le rapprochement qui s’opère en juin 60 entre César et Pompée avait pour but de faciliter l’élection de César au consulat. En échange, Pompée espère faire passer des lois en faveur des chevaliers. Une fois élu, César oeuvre pour des lois agraires, ainsi que pour des lois favorables à ses deux alliés.
Buste de Pompée
À partir de 57, les trois alliés sont moins puissants. L’année d’après, les trois hommes se rencontrent à Lucques et renouvellent l’alliance. Cette rencontre revêt un caractère officiel puisque des spectateurs sont conviés. À la suite des négociations, le proconsulat de César en Gaule est prolongé pour cinq ans. De plus, il est convenu de faire élire Crassus et Pompée au consulat. Pour y parvenir, les principaux concurrents sont intimidés afin de les faire renoncer.
En 55, les deux hommes se font élire consul pour la seconde fois (eux qui l’avaient été en 70). Ils font alors voter une loi qui prolonge le gouvernement de César en Gaule. Une loi prévoit aussi, une fois leur consulat terminé, d’envoyer Crassus en Syrie et Pompée en Hispanie, tous deux pour une durée de cinq ans. Son consulat terminé, Crassus s’empresse de partir pour la Syrie, avec l'espoir de triompher. En 53, il est cependant vaincu et tué, ce qui est vécu comme un véritable traumatisme pour les Romains.
Buste de César
Avec la mort de Crassus, l’alliance se trouve bafouée, d’autant que la fille de César, qui avait été mariée à Pompée pour consolider l’alliance, passe elle aussi l'âme. Pourtant, Pompée continue de soutenir César encore jusqu’en 50, date à laquelle il affiche son ralliement aux optimates. La guerre civile entre César et Pompée éclate en 49.
Buste de Crassus
Effectivement, le 7 janvier 49, le Sénat vote un sénatus-consulte ultime donnant les armes à Pompée si César franchit le Rubicon (il marque la frontière entre l’Italie et la province cisalpine). Or, cela se produit. Pompée quitte Rome pour l’Orient afin d’y porter la guerre puisqu'il y dispose de tous ses alliés. César peut donc entrer dans Rome et s’emparer du trésor de la cité. Pour se rendre en Orient, César doit construire des bateaux. Dans l’attente de construire une flotte, César vainc les alliés de Pompée en Hispanie. En 48, César tient en échec Pompée à Pharsale. Ce dernier s’enfuit en Égypte, où il est trahi par le roi et décapité. La guerre continue jusqu’à ce que les alliés de Pompée soient définitivement vaincus. La dernière bataille prend place à Munda, en 45.
Bibliographie :
Yannick Clavé, Le monde romain
Voici l'anecdote n°48 !
Quelques regrets dans la documentation qui est assez lacunaire. J'avais à ma disposition une excellente carte très bien légendée dans l'ouvrage de référence. Malheureusement, j'ai dû faire avec les moyens du bord. Celle-ci vous permet à minima de situer géographiquement les faits.
En vous souhaitant une bonne lecture :)
Anecdote n°48 : 8 mai 1945 – Sétif et Guelma !
Contexte : Lorsque nous évoquons la date du 8 mai 1945, nous pensons immédiatement à la victoire des Alliés sur le IIIe Reich en Europe. Dans nos mémoires, nous avons tous cette image du soldat soviétique qui brandit le drapeau de l’URSS dans un Berlin ravagé par le conflit.
Toutefois, au Maghreb, cette date a certainement une consonnance tout autre. Pour comprendre les événements de Sétif et Guelma, il faut d’abord noter la présence militaire des Alliés en Algérie depuis 1942. Autre élément majeur : la France refuse de prendre en compte le Manifeste du peuple algérien présenté en 1943 par Ferhat Abbas, ce qui radicalise les positions des chefs nationalistes en Algérie. De plus, au printemps 1945, la création de la Ligue arabe et la conférence des Nations unies suscitent de grands espoirs chez ces nationalistes et la crainte des Français d’Algérie. Ces tensions se concentrent dans le Constantinois où le nationalisme est le plus fort. Enfin, l’arrestation de Messali Hadj, chef d’un parti nationaliste, fait exploser la colère. Ainsi, les 1er et 8 mai, bon nombre d’Algériens manifestent pour exiger sa libération et l’indépendance.
L’anecdote en elle-même : À Sétif, en ce 8 mai 1945, la police tire sur les manifestants qui sont majoritairement des membres du PPA (Parti du peuple algérien), le parti de Messali Hadj. En réaction, ces derniers assassinent les Européens présents dans la ville. Les nouvelles de la répression se répandent ensuite dans les campagnes du Nord, entraînant une insurrection des paysans qui attaquent les centres de colonisation français. Quant à la répression française, elle dure jusqu’au 19 mai. Cela aboutit à un massacre des populations locales à l’arme de guerre.
Longtemps moins connus, les événements qui se déroulent à Guelma diffèrent dans leur scénario. À la différence de Sétif, aucun Français ne périt dans la manifestation du 8 mai. Au lieu des 90 Français tués à Sétif, il y en a 12 à Guelma les 9 et 10 mai. De plus, il n’y a pas de véritable insurrection dans la région de Guelma et l’armée y joue un rôle secondaire. En effet, se constitue une véritable milice coloniale composée de civils. S’y joignent policiers et gendarmes. Ces miliciens sont les auteurs de violences qui ont pour but de purger la région de tous les nationalistes. Ces massacres durent jusqu’à la fin du mois de juin. À noter que les miliciens responsables tentent de dissimuler les preuves du massacre en brûlant les corps des victimes.
Bilan : Les événements de Sétif et Guelma marquent un tournant dans le processus d’indépendance de l’Algérie. Par ailleurs, la France refuse de condamner les miliciens de Guelma, tandis que les insurgés de Sétif sont faits prisonniers. En ce qui concerne les chiffres, ils sont controversés. Les Algériens font l’état de 45 000 victimes, parfois 80 000. De son côté, la France sous-estime volontairement le bilan. Les archives de l’armée américaine – probablement plus fiables – mentionnent 17 000 morts du côté des Algériens.
Bibliographie :
Jean-Pierre Peyroulou, Atlas des décolonisations, une histoire inachevée
Bon week-end :)
Je vous propose ce soir une anecdote qui mêlent deux événements incontournables du IXe siècle français. Deux épisodes qui marquent un tournant en ce qui concerne le mariage. Cette courte histoire donnera lieu à une autre anecdote sur la réforme grégorienne qui marque une nouvelle rupture en ce qui concerne le mariage à l'époque médiévale.
Bonne lecture ^^
Anecdote n°47 : Le rapt de Judith et le divorce de Lothaire II !
Pourquoi ces deux épisodes ?
Ces deux événements constituent un tournant en ce qui concerne les questions du mariage. En effet, à partir de ces deux affaires qui se déroulent au IXe siècle, l’Église commence à occuper une place de plus en plus importante dans ces questions-là. De plus, avec ces deux épisodes, le mariage commence à se fonder sur le consentement mutuel, à reposer sur l’indissolubilité et à s’axer sur la reproduction du lignage, une forme qui se déploie plus tard, dans le cadre de la réforme grégorienne.
Avant toute chose, il faut bien comprendre que dans le haut Moyen Âge, le mariage n’est pas encore considéré comme un sacrement. Il le devient à partir de la réforme grégorienne, dans le bas Moyen Âge. Par ailleurs, le mariage trouve ses fondements dans la Bible qui le déclare comme devant être monogamique et indissoluble. Il y a aussi des héritages antiques dans le mariage, avec le corpus des lois romaines, compilé au VIe siècle sous l’empereur Justinien. Ce corpus constitue effectivement le fondement du droit civil à l’époque médiévale.
LE RAPT DE JUDITH
Le premier épisode est le rapt de Judith, sous le règne du petit-fils de Charlemagne, Charles le Chauve. Charles le Chauve règne sur la Francie occidentale et a une fille, Judith. Cette dernière est mariée en 856 à un roi du Wessex qui meurt deux ans après le mariage. Elle est donc mariée à son successeur qui meurt également. Judith tente alors de mener une révolte avec ses frères, mais Charles la récupère et la cloitre dans un monastère en attendant de la marier avec un autre étranger. Arrive alors le compte de Flandre Baudoin qui rencontre Judith et l’épouse rapidement. Cependant, Charles le Chauve, furieux de ne pas avoir été consulté, envoie des armées à leur poursuite. L’archevêque de Reims intervient dans cette affaire, affirmant que l’union est illégale, tandis que le pape Nicolas Ier bénit leur mariage, affirmant que le consentement fait les noces. Il faut noter que Charles le Chauve a des ambitions sur l’Italie nécessitant un appui du pape pour la conquérir. De plus, Baudoin est réputé pour être un excellent politicien et stratège. Ainsi, Baudoin et Charles finissent par se réconcilier.
LE DIVORCE DE LOTHAIRE II
La deuxième affaire est celle du divorce de Lothaire II, le neveu de Charles le Chauve. Par hasard, il hérite du titre impérial et de la Lotharingie. Lothaire II a d’abord épousé une fille des comtes de Provence. En 857, il se rend compte que sa belle-famille est en perte de vitesse. Ainsi, il divorce et épouse une autre fille, la sœur de son meilleur allié, l’archevêque de Cologne. Néanmoins, il a la mauvaise idée de se quereller avec Nicolas Ier. En 860, Nicolas lui ordonne de reprendre sa première épouse. Pour l’occasion, il excommunie l’archevêque de Cologne. Mais, Lothaire refuse ; Charles le Chauve menace de lui déclarer la guerre. La bataille juridique entre Lothaire II et la papauté est longue de cinq ans. En 868, Nicolas Ier meurt et son successeur Adrien II tient bon sur les principes de son prédécesseur. Lothaire est donc excommunié car il entretient une relation adultère. Dépité, Lothaire reprend sa première épouse. Il meurt deux ans plus tard, sans successeur légitime.
Bibliographie :
Georges Duby et Michelle Perrot, Le Moyen Âge - Histoire des femmes en Occident, tome 2
La prochaine anecdote ne devrait pas tarder à arriver. Elle mêlera deux épisodes du IXe siècle.
Je ne vous en dis pas plus :p
Mais bon lui c'était pas la grande guerre, c'était la révolution française !
Semaine chargée..mais nul doute qu’avec un peu de calme je lise avec plaisir cette anecdote ☺️
L'anecdote de la semaine est publiée.
Bonne lecture :D
Anecdote n°46 : Les enfants héros dans la Grande Guerre !
Contexte : La Grande Guerre est considérée comme une guerre totale, c’est-à-dire que les non-combattants deviennent des acteurs majeurs du conflit. Autrement dit, ils peuvent être de potentielles victimes. C’est le cas des femmes qui sont chargées de remplacer les hommes au travail et de soutenir le moral des combattants. Nous pouvons prendre l’exemple des « marraines de guerre » qui sont mises en place afin d’entrer en correspondance avec des combattants. D'autres s'engagent également dans la résistance.
Les enfants sont eux aussi mobilisés. À noter qu’il y a plus de travaux sur les enfants dans la Grande Guerre que dans la Seconde Guerre mondiale. Dans la même logique que les femmes, le conflit n’échappe à personne en raison d’un triple discours tenu envers la jeunesse : celui de l’État, de l’école - puisque la jeunesse y passe une bonne partie de son temps - et celui de la famille. Par ailleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale, il n’y a pas de figures héroïques d’enfants puisque la France n’a pas été très impliquée (militairement parlant), à l’inverse du premier conflit mondial.
L’anecdote en elle-même : Pendant la Grande Guerre, il y a des enfants combattants. Ainsi, certains régiments comportaient une mascotte qui pouvait être un enfant. Même si cet enfant mascotte ne combattait pas toujours, il était exposé aux mêmes risques que les soldats. D’un autre côté, il y a des enfants qui combattent réellement. C’est le cas de Jean-Corentin Carré, un Breton qui s’engage à 15 ans sous un faux état civil puisqu’il était impossible de s’engager avant 17 ans. Deux ans après, il s’engage cette fois légitimement sous son vrai nom et meurt dans un combat aérien en 1918. Autre exemple : celui de Désiré Bianco, un Marseillais réputé pour être le plus jeune mort pour la France pendant la Grande Guerre, à seulement 13 ans.
Jean-Corentin Carré
En plus de ces combattants qui sont des exceptions, il y a les fugues héroïques. Il s’agit-là de quitter le domicile familial pour essayer de rejoindre le front. Néanmoins, la faiblesse des archives ne nous permet pas d’en déterminer le nombre, même s’il est certain qu’il y en a eu. Ainsi, certains jeunes essayent de rompre avec les règles de la guerre pour rejoindre le front, mais l’échec reste très fréquent.
Enfin, il y a aussi des figures héroïques légendaires comme celle du jeune Émile qui aurait offert de l’eau à un soldat français sur le point d’être fusillé par un soldat allemand. Ce dernier lui aurait alors laissé le choix entre tuer le soldat français ou mourir. Émile aurait choisi la première option mais, une fois le fusil en main, aurait abattu l’Allemand, avant d’être tué à son tour par un autre soldat allemand. Néanmoins, cette histoire est une invention.
Carte postale mettant en avant le patriotisme des enfants pendant la Grande Guerre
Conclusion : Qu’elles soient vraies ou fausses, ces figures sont des exceptions puisque la majorité des enfants français subissent la guerre. Ils sont trop jeunes pour faire la guerre, mais des petits gestes de leur part aident la nation à vaincre, tout en démontrant leur engagement patriotique.
Bibliographie :
Beaupré Nicolas, Les Grandes Guerres (1914-1945)
Une nouvelle anecdote est disponible ! Il ne s'agit pas de la 44e, mais de la 45e. Un petit décalage s'est créé après une erreur commise dans la trentaine.
Bonne lecture :D
Anecdote n°45 : La Militia Christiana, "les chevaliers des temps modernes" !
Contexte : Dans le cadre des affrontements entre les chrétiens et l’Empire ottoman, il y a de nombreux projets de croisades, mais beaucoup ne se réalisent pas. Généralement, ce qui empêche la tenue des projets de croisades est l’animosité entre les États. Ainsi, les objectifs initiaux ont souvent été abandonnés. C’est le cas en 1508, lorsque, dans le cadre des guerres d’Italie, est signée la ligue de Cambrai. Elle réunit Louis XII, Ferdinand d’Aragon et l’empereur Maximilien, ainsi que le pape Jules II. Cette ligue se déclare en guerre contre les Turcs. Mais, son principal objectif est de renverser l’hégémonie vénitienne sur le littoral adriatique. Les projets de croisades sont donc souvent détournés à d’autres fins.
L’anecdote en elle-même : Cette Milice chrétienne est un projet de croisade imaginé par le duc de Nevers, Charles de Gonzague et par le capucin François Leclerc de Tremblay (plus connu sous le nom de père Joseph), bras droit du cardinal de Richelieu. En effet, dans l’esprit du père Joseph, la lutte contre les Turcs était nécessaire au salut de la chrétienté. De plus, il estimait que cette entreprise présentait l’avantage de satisfaire la volonté de lutte contre l’Infidèle, permettant ainsi une paix entre tous les chrétiens.
Estampe sur laquelle il est possible de voir le père Joseph.
Ainsi, avec la Milice chrétienne, il ne s’agit plus, comme dans les croisades des XIVe et XVe siècles, de tenter d’arrêter l’avancée ottomane en Europe, mais de libérer les lieux saints et délivrer les chrétiens – surtout orthodoxes – du joug ottoman.
Ayant justement des relations avec des notables grecs, le duc de Nevers ne rencontre pas de difficultés en ce qui concerne l’accomplissement des démarches diplomatiques. Il obtient aussi l’autorisation du pape. De cette façon, en 1616, un nouvel ordre militaire et religieux est fondé : la Milice chrétienne. Cet ordre reçoit par ailleurs le soutien d’une partie de la noblesse européenne, mais aussi de plusieurs souverains comme Louis XIII et le roi de Pologne, Sigismond II.
En 1618, le cardinal Borghese, secrétaire d’État du pape, envoie des instructions aux différents groupes de la Milice présents dans les capitales européennes. Mais, le 23 mai, se produit un événement de grande conséquence : la « défenestration de Prague » qui condamne toute l’entreprise et provoque le déclenchement de la guerre de Trente ans qui oppose les États catholiques et les protestants.
Gravure représentant la défenestration de Prague, 1662
La Milice finit par être définitivement dissoute par le pape en 1628. Il s’agit par ailleurs du dernier grand projet où l’affrontement est justifié par la religion. En effet, à partir du siècle suivant, la dimension religieuse passe en second plan dans l’affrontement.
Bibliographie :
Henry Laurens, John Tolan et Gilles Veinstein, L'Europe et L'Islam, quinze siècles d'Histoire
N'hésitez pas si vous avez des suggestions ;)
Par ailleurs, vous pouvez aussi - si vous le souhaitez - poster un petit message sur votre mur pour éventuellement étendre le nombre de lecteurs et d'intervenants.
Merci à vous et bon week-end !
Romain, c'est bon pour moi, il s'agit d'un document de 22 pages, je le lis ce soir :) Merci
Oxy, si tu veux je peux te l envoyer sous forme de captures d'écran.