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Galère des blessures et manque d’argent : la double peine des joueurs de tennis loin des stars du Top 100

Les revenus d'un joueur de tennis ne dépendent que de ses performances sportives. En cas de blessure, le quotidien de ceux qui sont loin du Top 100 peut parfois fortement se compliquer.
Galère des blessures et manque d’argent : la double peine des joueurs de tennis loin des stars du Top 100
AFP
Clément Gehl
le 30/11/2025 à 12h25
10 min de lecture

Comme tout auto-entrepreneur, un joueur de tennis ne peut compter que sur lui-même pour espérer obtenir des revenus. À l’inverse d’un athlète de sport collectif, un joueur de tennis ne perçoit pas de salaire fixe mensuel et bénéficie donc d’une sécurité financière bien moindre.

En cas de blessure, en plus de l’arrêt de la progression sportive et de la question de la guérison, se pose une grosse problématique économique. Si cela n’a pas forcément un grand impact pour un joueur membre du Top 50, qui pourra tout de même compter sur ses sponsors et une certaine réserve pécuniaire, les répercussions sont tout autres pour les joueurs hors du Top 100.

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En plus de l’impact financier, une blessure peut grandement impacter le moral du joueur. Notamment un joueur sans garantie de revenus qui pourrait venir remettre en cause sa carrière et les risques pris.

LES MULTIPLES PROBLÉMATIQUES QUE SOULEVENT UNE BLESSURE

Comment s’occuper lors d’une blessure ? Comment se maintenir en forme pour faciliter son retour une fois guéri ? Est-ce que le corps s’en remettra à 100 % ? Comment s’en sortir financièrement avec aucune entrée d’argent en ligne de mire sur les six prochains mois ?

Tant de questions que peut se poser un joueur, particulièrement sur l’aspect financier s'il est classé hors du Top 100 et d'autant plus s'il est hors du Top 200. Puisqu’il ne participe pas aux grands tableaux des Grands Chelems (qui sont les tournois les plus lucratifs), le financement très onéreux d’une saison est un problème majeur pour lui.

Pour répondre à cette problématique, l’ATP a lancé le programme « Baseline » à la fin 2023. Ce dernier a pour but de garantir un revenu minimum aux joueurs membres du Top 250, afin de leur garantir une certaine sécurité budgétaire. En cas de blessure, ils seront protégés financièrement. Comme l’expliquait le journal L’Équipe lors du lancement de ce programme, un joueur participant à moins de 9 tournois ATP ou Challenger durant une saison en raison d’une blessure toucherait 200 000 dollars s’il est membre du Top 100, 100 000 dollars s’il est classé entre la 101e et la 175e place et 50 000 dollars s’il se situe entre 176e et la 250e place.

Mais les joueurs déplorent de plus en plus de blessures dans le monde professionnel, incriminant des conditions de jeu de plus en plus difficiles pour leur corps et trop exigeantes physiquement. La vitesse des balles ainsi que celles des courts sont les plus évoquées. Le ralentissement global du jeu sur ces dernières années entraîne une exigence accrue et représente un défi physique toujours plus important.

LUTTER CONTRE LES BLESSURES ET LA FRUSTRATION, L'EXEMPLE DE JOHN MILLMAN

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AFP

Pour pouvoir jouer et vivre de sa passion, des sacrifices s’avèrent nécessaires et beaucoup de joueurs n’hésitent pas à les faire. Malheureusement, ces sacrifices peuvent avoir des répercussions qui n’ont pas épargné certains.

Dans une interview donnée au média ABC, John Millman, ancien 33e mondial, avait révélé avoir remis en cause son avenir dans le tennis en 2014 après une opération à l’épaule qui l’avait écarté des courts durant 11 mois.

Il était pourtant aux portes du Top 100 en 2013 et cette blessure était venue balayer ses espoirs à court terme. Il avait déclaré : « Avec ces blessures, il faut tout recommencer. C'est difficile. C'est difficile financièrement. C'est difficile physiquement. C'est difficile mentalement. Mais tu le fais. Et tu traverses toutes ces épreuves en rééducation, tu fais tout ça pour quelque chose comme ça (le Top 100, qu’il a réussi à intégrer à son retour). Tout devient un peu plus gratifiant. » Côté pécunier, l’Australien avait travaillé dans un bureau durant sa blessure, comme une personne lambda, un « 9h-17h » comme il disait.

« Dans ma tête, l’objectif était le Top 100. Ce chiffre me rendait heureux »

Dans une interview accordée à l’ATP en 2019, Millman a résumé les blessures qu’il a connues dans sa carrière : « J’ai subi deux opérations à l’épaule et une autre à l’aine. Mon parcours a été assez chaotique. Ma première opération était à l’épaule, à 18 ans. Malgré cela, j’avais toujours soif de victoire et cette envie de gagner.

Ma blessure suivante a été déterminante pour ma carrière. J’avais le sentiment d’avoir atteint un bon classement, je crois que j’étais aux alentours de la 130e place et je pensais vraiment être au niveau pour franchir un cap.

Dans ma tête, l’objectif était le Top 100. Ce chiffre me rendait heureux. Être si près du but, puis cette lourde opération à l’épaule, qui vous oblige à tout recommencer à zéro. À mon retour, j’ai fait une tournée aux États-Unis (en septembre 2014), j’ai réussi à obtenir de bons résultats et reprendre confiance en mon corps, ce qui a lancé ma renaissance. En moins d’un an, je suis passé de presque rien au Top 100. »

Relativiser face aux blessures comme solution de résilience mentale

Face à la difficulté de ces blessures, Millman a préféré relativiser et positiver : « Cela n’a pas été facile, mais, vous savez, beaucoup de gens, dans la vie de tous les jours, rencontrent des problèmes plus compliqués que les miens. Il est très important d’avoir un entourage pour nous soutenir dans ces moments-là. Avec le recul, tout cela en valait la peine. »

Cette résilience lui a permis d’atteindre la 33e place en 2018, son meilleur classement en carrière, grâce notamment à un quart de finale à l’US Open cette même année, après une victoire de prestige face à Roger Federer. Malgré une carrière fortement perturbée par les blessures, Millman a réussi à tirer le maximum de son corps, bien que contraint de prendre sa retraite à l’Open d’Australie en 2024, après avoir poussé son organisme jusqu’à l’épuisement.

La passion du tennis et la soif de victoire peuvent être un facteur de motivation extrêmement puissant, quitte à parfois mettre sa santé de côté. Les joueurs sont dévoués à ce sport depuis leur plus jeune âge, ce qui peut parfois rendre l’échec encore plus dur à accepter.

BLESSURE, DOUTE ET RENAISSANCE : LE RETOUR PROGRESSIF DE RYAN PENISTON

Les blessures peuvent survenir à n’importe quel moment de la saison. Elles peuvent interrompre des bonnes dynamiques puis semer le doute dans l’esprit d’un joueur par la suite. Après la guérison, on ne sait jamais si l’on retrouvera son niveau antérieur.

Ryan Peniston, actuel 194e mondial, a raconté pour la Lawn Tennis Association, la Fédération britannique de tennis, sa blessure à la cheville contractée en février 2024 à Manama (204e à cette époque), qui l’a écarté des courts de tennis pendant 3 mois.

« J’avais envie de rejouer, c’était un moment dur »

« J’avais deux ligaments de ma cheville rompus, donc une opération était nécessaire. Évidemment, j’avais envie de rejouer, d’être sur le court de tennis tout le temps, c’était un moment dur. Déjà il y a eu l’opération, puis la convalescence pendant deux semaines. Ensuite, il a fallu y aller progressivement : m’appuyer sur ma jambe, retrouver de l’amplitude de mouvement puis revenir petit à petit sur le court.

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AFP

Le médecin était réaliste, il me disait que cela prendrait 12 semaines. J’ai regardé le calendrier et je crois que la 13e semaine correspondait aux qualifications de Roland-Garros. Alors, avec mon coach, on s’est dit : ‘On vise ça, pourquoi pas !’. Je suis allé à la salle de sport pendant une semaine, après n’avoir rien fait pendant deux semaines. Recommencer à bouger, travailler un peu, c’est vraiment bon pour le corps. Le but était de récupérer du muscle, puisque j’en avais perdu à force de rester assis à ne rien faire. »

La difficulté de retrouver son niveau d’avant blessure

À ce moment-là, Peniston a réussi son pari : le Britannique a participé aux qualifications de Roland-Garros, où il s’est malheureusement incliné dès le premier tour. Engagé ensuite sur les tournois sur gazon au mois de juin en Grande-Bretagne, période de l’année qu’il affectionne, il n’a obtenu qu’une seule victoire sur cinq matchs joués. Pire encore, il a dû attendre le mois d’août pour réussir à enchaîner deux matchs gagnés d’affilée.

Il a fallu patienter jusqu’au mois de novembre pour que Peniston retrouve le vrai chemin de la victoire : un titre au Future d’Heraklion avant de remporter un nouveau tournoi de cette catégorie à Monastir dans la foulée. Si une blessure n’écarte un joueur des courts de tennis que sur une certaine durée, il faut en réalité se montrer bien plus patient pour retrouver un niveau de jeu semblable à celui précédant la blessure.

De plus, les joueurs, durant leur période de convalescence, perdent des places au classement puisqu’ils ne participent à aucun tournoi. Durant cette année 2024, Peniston est redescendu jusqu’à la 596e place mondiale.

La sécurité du classement protégé

Heureusement, les joueurs absents au moins 6 mois du circuit en raison d’une blessure bénéficient d’une sécurité. Grâce au classement protégé, un système permettant à ces derniers, à leur retour, de s’inscrire à des tournois avec un classement calculé sur la moyenne de classement des trois premiers mois suivant la blessure. Ils peuvent ainsi retrouver les compétitions du niveau auquel ils évoluaient auparavant. Cependant, les conditions d’activation de ce classement protégé sont strictes et ses effets limités.

Pour pouvoir en bénéficier, il faut justifier d’une absence pour blessure d’au moins 6 mois. Ce classement protégé ne peut ensuite être utilisé que pour neuf tournois répartis sur une période maximale de neuf mois à compter du premier tournoi disputé grâce à son utilisation.

DONALDSON, OU QUAND LES BLESSURES FORCENT UN PRODIGE À TOUT ABANDONNER

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DAVID ILIFF. License: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/

Malheureusement, il y a des blessures dont certains ne se remettent jamais. Jared Donaldson, 48e mondial à 22 ans en 2018, avait une belle carrière devant lui. L’Américain avait participé aux Next Gen ATP Finals en 2017, aux côtés notamment d’Alexander Zverev, Daniil Medvedev, Andrey Rublev ou encore Karen Khachanov.

Mais deux opérations au genou en 2019 et 2020 ont eu raison des espoirs placés en lui : Donaldson a joué son dernier match en professionnel à Miami en 2019 et ne
reviendra plus jamais. Le quart de finaliste de Cincinnati en 2017 s’est inscrit à l’Université en 2021 et a laissé le tennis professionnel derrière lui.

« Je n’en étais physiquement plus capable »

Pour le documentaire « Behind the Racquet », réalisé par l’ancien joueur Noah Rubin, il avait évoqué sa blessure : « J'ai souffert constamment pendant près de trois ans. J'étais tellement désespéré de trouver une autre solution qui aurait pu être enrichissante que l'option de prendre ma retraite et de reprendre mes études a presque été un soulagement. Ce n'était pas difficile au sens où j'ai toujours eu l'impression de n'avoir pas eu le choix. Ce n'était pas comme si j'avais dû arrêter ma carrière par manque de compétences ou d'envie.
C'est juste que je n'en étais plus physiquement capable.

Ce qui m'a vraiment marqué, c'est quand je suis entré à l'université et que j'ai dû demander de l'aide. J'avais toujours été très bon. Devoir demander de l'aide, c'était une sensation étrange. C'était la partie la plus difficile de la transition, mais je n'ai jamais vraiment trouvé ça triste. La vie ne se déroule pas toujours comme on le souhaite, et il faut s'adapter.

« Quitter le tennis professionnel : un vrai soulagement »

Franchement, ça a été un soulagement de m'éloigner du tennis. Je me souviens, juste avant ma deuxième opération, j'étais au téléphone avec quelqu'un qui m'a dit en gros que si ça ne marchait pas, il fallait que j'arrête et que je reprenne mes études. Cette conversation a été un soulagement, car je commençais déjà à penser à la rééducation et à tout ce que ça impliquait.

J'ai beaucoup de mal à imaginer ma vie d'avant. Ce n'est certainement pas mon premier choix d'avoir 27 ans et d'entamer ma dernière année d'université. Cependant, je serai toujours infiniment reconnaissant envers l'Université de Pennsylvanie. J'adore les études. Au tennis, je voulais simplement progresser un peu chaque jour.

Je pense que dans la vie, professionnellement, il faut juste avoir envie d'apprendre toujours plus. Je n'aimais pas le tennis. J'aimais la compétition et la quête de quelque chose de vraiment difficile. C'est ce qui me manque. C'est ce que j'ai retiré du tennis et c'est ce que j'aime vraiment. » avait-il déclaré, dans des propos relayés par Tennis World USA en 2024.

ENTRE REVES FRAGILES ET LUTTES INVISIBLES

De Millman à Donaldson, en passant par Peniston, chaque parcours d’un joueur de tennis professionnel est unique et montre que du jour au lendemain tout peut changer, d’une manière positive ou négative. La précarité des joueurs évoluant à un
niveau moindre reste un problème majeur à gérer pour les instances du tennis professionnel.

Les blessures, souvent perçues comme de simples aléas du sport, prennent une toute autre dimension dans le tennis professionnel. Elles ne se limitent pas à un arrêt temporaire de la compétition : elles fragilisent l’équilibre psychologique, ralentissent les ambitions sportives et, surtout, mettent à nu la précarité d’un système où la réussite individuelle conditionne toute stabilité financière.

Entre passion et sacrifice, le tennis reste un sport d’une exigence extrême, où la moindre blessure peut tout remettre en question, mais aussi révéler la force intérieure de ceux qui refusent d’abandonner.

Si des initiatives comme le programme Baseline de l’ATP marquent une avancée significative vers plus de sécurité pour les joueurs, elles ne sauraient effacer la réalité quotidienne de centaines de joueurs, qui, loin des projecteurs, se battent pour revenir, rejouer et simplement continuer à croire en leur rêve.

Dernière modification le 30/11/2025 à 13h08
John Millman
Non classé
Ryan Peniston
203e, 287 points
Jared Donaldson
Non classé
Commentaires
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Règles à respecter
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Kafelnikov
Voilà un article intéressant. Merci.
15
Montfort
Merci Tennis Temple pour cet article très intéressant et approfondi 😊 quand c'est de bonne qualité il faut le dire 👌🏻
Ce genre d'article font que j'ai envie de venir sur TT et pas juste regarder les résultats sur n'importe quel site généraliste
9
tonnerre89
Ce genre d'article fait que......
1 réponses
phil B
C'est un difficile pari... Quand ton corps lâche. Bon article
Communauté
1h

🎙️ "Quand tu prendras ta retraite… comment aimerais-tu qu’on se souvienne de toi ?"

🇷🇸 "Je suis incroyablement fier des 24 Grands Chelems, des records, de tout ce pour quoi je me suis battu, mais quand je ne serai plus là, je ne veux pas des trophées sur ma pierre tombale : je veux qu’elle dise : Ici repose Novak Djokovic, l’homme qui touchait le cœur des gens."

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11h

🇪🇸 « Supprimer le deuxième service et instaurer un point décisif à la place des avantages. Les gens ne veulent plus voir les joueurs faire rebondir la balle ou enchaîner les services : ils veulent du rythme et du jeu. »

Gerard Piqué

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14h

🇦🇺 « J'étais à Hong-Kong récemment (pour un évènement de l'UTS). Beaucoup de gars m'ont dit : 'Tu seras notre représentant'. Je me retrouve de nouveau en première ligne.

Je ne suis pas du genre à fuir la pression médiatique. Je suis enthousiaste, quoi qu'il arrive. Je vais entrer sur le court et montrer au monde que, aussi forte soit-elle, elle a aussi ses faiblesses. »

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16h

La plupart des joueurs gagnent plus en partenariats marketing qu'en prize money dans les tournois qu’ils disputent. L’économie du tennis est ainsi faite : l’image vend plus que les victoires.

Par exemple, quand Djokovic gagne Wimbledon, il encaisse 3 millions de dollars. Et quand Djokovic porte une tenue Lacoste, il en gagne trois fois plus sur l’année.

https://fr.tennistemple.com/actu/la-guerre...

Lire en entier
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18h

Un sanctuaire de luxe et un refuge mental

Le prix ? Jusqu’à 8 000 $ la nuit.

Sa destination ? L’un des complexes les plus chers du monde : Amanyara, aux îles Turks-et-Caïques (Caraïbes). Une escapade dans un hôtel de sa marque partenaire Aman, signe d’un contrat signé en 2024 aux côtés de Maria Sharapova.

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